Articles récents \ Île de France DÉCONSTRUIRE LES REPRÉSENTATIONS SUR LES VIOLENCES CONJUGALES: UNE FORMATION DU RELAIS 77. 1/2
Solidarité Femmes-Le Relais 77 fait partie des 12 associations du réseau de la Fédération Nationale Solidarité Femmes présentes en région Île-de-France. Cette association créée en 1985 œuvre depuis plus de 30 ans dans l’accueil, l’écoute, l’accompagnement et l’hébergement des femmes victimes de violences et de leurs enfants. Depuis 2004, l’association a mis un place un pôle Prévention-Formation qui a pour but d’éveiller à la réalité que représentent les violences conjugales, ainsi que de former et d’accompagner les professionnel.les et bénévoles concerné.es.
Le parcours de formation proposé par Solidarité Femmes-Le Relais 77 débute par une séance de sensibilisation sur les violences conjugales. Cette première étape est un préalable nécessaire afin de pouvoir assister aux autres formations. «Cette sensibilisation est obligatoire pour suivre les autres formations car elle permet de déconstruire les représentations des violences conjugales et d’aborder les mécanismes qui sont à l’œuvre. Le repérage et l’accompagnement des victimes n’est possible que si l’on a assimilé ce qui opère dans les situations de violences conjugales», souligne Stéphane Punel, chargée d’actions de formation.
Comprendre les mécanismes des violences conjugales
La première partie de cette sensibilisation s’attelle à répondre à une question centrale : comment identifier les formes de violences conjugales ? Il est important de pouvoir dissocier une situation de conflit, d’une situation de violence. Alors que la situation de conflit place les conjoint.es dans une position d’échange égalitaire, les violences conjugales impliquent quant à elles un rapport de domination, et de négation de l’intégrité de la personne. A une situation de conflit ponctuelle s’oppose un mécanisme de violences chroniques qui s’inscrit dans la durée.
Cette formation permet également de déconstruire la représentation stéréotypée et trop répandue des violences conjugales comme étant seulement une atteinte physique. On apprend qu’il existe différentes formes de violences conjugales : verbales, psychologiques, physiques, sexuelles, économiques et administratives. Toutes ces formes de violences participent de la volonté de l’agresseur qui vise la domination totale et l’assujettissement de sa victime. Ces actes peuvent être commis au cours de la relation, au moment de la rupture et après cette dernière.
Cette emprise de l’agresseur est permise par un cycle des violences qui se reproduit et s’accélère dans le temps. Ce cycle a été identifié par la psychologue Lenore Walker dans son ouvrage The Battered woman (1). L’autrice identifie quatre phases : 1) la lune de miel, l’agresseur exprime des regrets, il promet que cela ne se reproduira pas ; 2) l’escalade, l’agresseur installe un climat de tension, la discussion n’est plus possible, la victime est en situation de crainte et doute d’elle-même ; 3) l’agression, l’auteur commet un acte de violence verbale, physique, sexuelle, etc. La victime est désemparée. 4) La justification, l’agresseur tente de légitimer son acte, il minimise son comportement et tient pour responsable sa victime. La victime peut se sentir coupable de cette situation et se dire que si elle change les violences cesseront.
C’est par ce cycle des violences que l’agresseur parvient à maintenir son emprise sur sa victime et à perpétuer cette situation.
Mesurer l’ampleur de ce phénomène Au niveau mondial En France En 2016, des chiffres du ministère de l’Intérieur rapportent le décès de 123 femmes liés à des situations de violences conjugales. Ces chiffres font également état de la mort de 34 hommes, 25 enfants et 10 victimes collatérales et rivaux. • 275 millions d’enfants dans le monde sont exposés à la violence conjugale (UNICEF, 2006). • La grossesse est une période de vulnérabilité : un facteur aggravant ou déclenchant pour 40% des violences conjugales (Rapport Pr. Henrion, 2001). • Dans 40% des situations de violences conjugales, les enfants sont victimes de violences physiques directes (Méta-Analyse Edelson, 2003). • Dans 80% des situations de violences conjugales, les enfants sont exposés à des menaces de mort, des injures, des humiliations, des violences physiques, des tentatives de meurtre, des meurtre (Méta-Analyse Edelson, 2003). • En 2016, 9 enfants ont été victimes de meurtre en même temps que leur mère, 16 meurtres d’enfants sans que leur mère ne soit tuée et 16 ont été témoins du meurtre de celle-ci. On dénombre 22 enfants présent.es au domicile pendant l’homicide de leur mère (Rapport de la DAV, Ministère de l’Intérieur, 2016).
Les violences conjugales ne sont reconnues officiellement que depuis 1990. Les violences contre des femmes et les violences conjugales ont été reconnues par l’ONU et le Conseil de l’Europe comme une violation des droits fondamentaux des femmes, une atteinte au droit fondamental des femmes et des enfants à vivre en sécurité et une atteinte à leur dignité. L’ONU révèle que dans le monde, la forme la plus courante de violence subie par les femmes est la violence physique infligée par leur partenaire intime. En moyenne, au cours de sa vie, 1 femme sur 3 est battue, victime de violences sexuelles ou maltraitée par un partenaire intime.
En 2000, l’Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France révèle qu’1 femme sur 10 déclare avoir subi des violences conjugales au cours des 12 mois précédant l’enquête et qu’1 femme sur 5 déclare avoir déjà été victime de violences conjugales au moins une fois dans sa vie.
Les enfants se trouvent être des victimes à part entière dans les situations de violences conjugales. C’est ce que révèlent les données chiffrées suivantes :
Hugo Tetu 50-50 Magazine
1 WALKER (Lenore), The Battered Woman Syndrome, Springer Publishing Company, 1979.
Le 3919 « Violences femmes info » est un numéro gratuit. Il est accessible de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h le samedi et le dimanche. Attention : il s’agit d’un numéro d’écoute national anonyme, et non d’un numéro d’appel d’urgence.
Photo : Stéphane Punel, chargée d’actions de formation.
50-50 magazine est partenaire de la Fédération Nationale Solidarité Femmes