France \ Société 28 JOURS : LE DOCUMENTAIRE QUI BRISE LE TABOU SUR LES RÈGLES
Angèle Marrey, jeune réalisatrice de 22 ans, nous présente son premier documentaire, 28 Jours, co-produit par les journalistes Justine Courtot et Myriam Attia. Les trois femmes mêlent leur amour de l’image et leur féminisme dans un documentaire sur les règles, sujet toujours tabou en 2018…
C’est le premier documentaire de ces trois femmes : « toutes les étapes étaient inattendues et surprenantes. On a eu des refus et des grands enthousiastes. On a raté puis recommencé. On a changé d’idée, puis on a trouvé des solutions. C’était un peu l’aventure!»
En tant que jeune réalisatrice, Angèle s’estime chanceuse «nous n’avons pas eu de catastrophes.» Son entourage l’a beaucoup aidée pour ce projet «j’ai été profondément touchée par leur implication ! Quand on commence quelque chose, on ne sait pas vraiment où on va. On doute en permanence, alors quand quelqu’un vous fait confiance, c’est comme une grande respiration ! En y pensant, toute l’équipe technique, graphique etc ne sont que des proches ! Ils sont vraiment extras ! »
Libérer enfin la parole
Ce n’est pas tous les jours qu’un documentaire parle des règles «le sujet fait peur au début. Les gens n’ont pas envie qu’on rentre dans leur intimité et c’est bien normal. Mais dans la plupart des cas, les interviewées se libéraient ! Comme si elles attendaient qu’on leur pose enfin la question.»
Le documentaire est une excellente façon de libérer la parole des femmes sur ce sujet encore si tabou. En France, à la télévision, les publicités mettent en scène des serviettes où le sang menstruel est représenté par un liquide bleu. Pour Angèle «l’utilisation de cette couleur plutôt que du rouge est la représentation même du tabou. Le Rouge couleur sang a été mis de côté depuis des siècles, car sa couleur en elle-même représente l’impureté. Le sang dans notre culotte est rouge, Mesdames, Messieurs, arrêtons de la diaboliser ! »
Grâce à ce projet, Angèle se dit fière d’avoir pu aider quelques personnes à se libérer «à la fin de chaque interview, on prenait le temps de passer un moment avec les gens interviewés. Ils avaient tellement de questions, parfois des méfiances, parfois des peurs réelles. On a eu le rôle de médecins, psychiatre voire coach pendant ce documentaire ! »
Les femmes qui apparaissent dans le documentaire sont toutes différentes «certaines sont là entre copines, d’autres en tant que expertes, il y a des médecins, des mamans, des comédiennes, des écrivaines, des entrepreneuses, des réalisatrices.»
C’est aussi l’occasion de donner la parole à des jeunes et des moins jeunes mais aussi aux hommes : «la libération de la parole n’est pas exclusivement féminine ! Les hommes peuvent en parler, peuvent être éduqués sur la question et croyez-moi, le sujet les intéresse ! On a travaillé sur le documentaire pour en parler à tou.tes ! À celles qui les ont mais aussi à ceux qui les ont pas.»
Les maladies de l’ombre
Si, en France, les femmes représentent 52% de la population, leurs problèmes gynécologiques passent souvent à la trappe. En effet, les maladies exclusivement féminines peinent à être prises au sérieux. C’est pourquoi les maladies liées aux règles sont une grande partie du documentaire. La réalisatrice estime qu’on ne prend pas au sérieux les douleurs menstruelles : «on renvoie les filles chez elles avec des spasfons qui n’arrangeront pas la situation. Certaines femmes souffrent d’endométriose, de perturbateurs endocriniens, de kystes… Il faut prendre les douleurs au sérieux, pouvoir en parler et agir vite.»
Angèle se définit comme féministe depuis toute petite, elle a pour icône Simone Veil, Laure Adler, Lauren Bastide, Eve Ensler, Christiane Taubira, Angèla Davis, Malala, mais aussi Pénélope Bagieu.
Une fois le documentaire diffusé, Angèle espère que femmes et hommes changeront d’avis sur les règles et qu’elles/ils feront plus attention aux commentaires sexistes. En bref, qu’elles/ils osent en parler, posent des questions, et s’aiment, même pendant cette période.
Ce projet est une belle façon de dire aux femmes qu’elles ne doivent pas avoir honte de leurs règles.
Pauline Mbock, 50-50 Magazine
(1) Retrouvez le documentaire 28 Jours en ligne le 27 Octobre sur Youtube.