Articles récents \ France \ Économie Perfégal: "l'entreprise identifie rarement l’égalité professionnelle comme un enjeu important, une opportunité pour développer son attractivité…" 2/2
Le sujet de l’égalité entre les femmes et les hommes a été proclamé grande cause du quinquennat. Cette égalité doit, entre autres, être mise en place dans son aspect professionnel, au sein des entreprises. Perfégal, un cabinet de conseil créé en 2005, accompagne les entreprises dans leurs études et diagnostics en matière d’égalité professionnelle, apporte appui et conseil dans la mise en oeuvre de plan d’actions, sensibilise et forme les acteurs sur l’égalité femmes/hommes. Deux membre de son équipe, Isabelle Gueguen (experte de l’égalité professionnelle et de l’intégration de l’égalité f/h dans les politiques publiques) et Françoise Le Rest (spécialiste de l’égalité professionnelle, de la mixité et de l’entrepreneuriat féminin) nous ont éclairé sur le sujet.
Qu’est-il possible de faire pour faire avancer l’égalité professionnelle ?
Pour faire avancer l’égalité professionnelle, il faut que les entreprises se fondent sur leurs données chiffrées sexuées, référencées dans le chapitre égalité de leur base de données économiques et sociales afin d’établir un accord ou un plan d’action en lien avec la situation de l’entreprise. Or selon une étude de la Direction de l’animation et de la recherche, des études et des statistiques (DARES0,) 40% des entreprises, en particulier les PME de 50 à 300 salarié.e.s, ne s’appuient sur aucune donnée sexuée dans leur accord. Une étude menée par Perfégal dans un département sur des accords et des plans d’action déposés à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE), confirme cette tendance.
Qu’est ce qui peut permettre de faire évoluer les choses ?
Il faut aider les entreprises à agir car c’est un sujet complexe. La solution la mieux adaptée est de mettre en place une formation ; un travail pédagogique est à faire car le sujet est mal compris.
Par exemple, en partenariat avec certaines DIRECCTE, nous animons des sessions d’une journée de formation, avec une quinzaine d’entreprises. Ces formations permettent de bien comprendre les enjeux du sujet et la méthodologie à utiliser pour bâtir un plan d’action ou un accord égalité à partir de l’analyse de ces données sexuées.
Les retours de ces ateliers de formation sont très positifs et démontrent le besoin d’accompagnement sur le sujet. Nous recevons ainsi des commentaires très positifs de participant.e.s qui estiment que «ce temps de formation permet d’avoir les lignes de réflexion sur le sujet, de connaitre le cadre légal, des outils concrets pour agir, des échanges avec les autres entreprises et une ouverture d’esprit sur la façon d’appréhender le sujet.» Certain.e.s reconnaissent : «je n’avais pas perçu l’importance de ce plan d’action, restant persuadé.e.s du bien-fondé de ce qui est déjà mis en place au sein de mon entreprise : la banalisation et la confusion des concepts/stéréotypes y sont pour beaucoup.»
Quel est le niveau d’information des entreprises concernées ?
Le niveau d’information sur le sujet dépend de la taille de l’entreprise et du secteur d’activité. Pour beaucoup d’entreprises, l’égalité professionnelle n’est pas un sujet, elles se sentent peu concernées. Beaucoup de PME ont un effectif soit très féminisé (des associations par exemple) ou très masculinisé (dans l’industrie métallurgique notamment), et dans un cas comme dans l’autres, elles ne voient pas forcément l’intérêt de changer ou n’ont pas les moyens d’agir.
Quels sont leurs freins à la mise en oeuvre du diagnostic ou de la mise en oeuvre d’actions ?
Le principal frein est le fait que le sujet n’est pas considéré comme une priorité. Le manque de temps et de recul pour travailler sur cette problématique est aussi un obstacle. Dans les entreprises, et en particulier dans les PME, les partenaires sociaux et/ou les salarié.e.s sont peu mobilisé.e.s sur le sujet. L’entreprise réalise donc un plan d’action ou un accord à minima afin de répondre à son obligation légale. Elle identifie rarement l’égalité professionnelle comme un enjeu important, une opportunité pour développer son attractivité, anticiper sur l’évolution des métiers,…
Que pensez-vous de la politique du gouvernement sur ce sujet ?
Comme avec le précédent gouvernement, il y a une volonté de mieux couvrir les accords sur l’égalité professionnelle. Un renforcement des contrôles et des mises en demeure est annoncé. Des directives ont été adressées en ce sens dans les DIRECCTE. On observe à notre niveau que, dans les départements où la DIRECCTE propose un temps de formation, ce qui n’exclu pas le fait qu’elle fasse aussi des mises en demeure, les retours des entreprises sur cette posture d’aide et de conseil de l’administration sont très positifs.
Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine