Articles récents \ France \ Politique Le Tour de France de l’égalité en Ile de France
Le chantier du Tour de France de l’égalité femmes/hommes a été lancé le 4 octobre 2017. Le but est d’aller au-delà des cercles habituels, partout en France et en Outre-Mer, pour recueillir les paroles des femmes et aussi des hommes. Près de 300 ateliers ont été coordonnées par les directrices régionales aux droits des femmes et à l’égalité. En Ile de France, une centaine d’ateliers ont été organisés, sous la coordination de Thalia Breton, directrice aux droits des femmes et à l’égalité d’Ile de France. Toutes les contributions du Tour de France viendront enrichir le projet de loi sur l’égalité femmes/hommes.
Le Tour de France arrivera à son terme le 8 mars 2018 journée symbolique pour la défense des droits des femmes.
Le 15 février 2018 à Paris, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat à l’Égalité femmes/hommes et Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris chargée de l’égalité femmes/hommes, ont ouvert l’atelier régional de restitution.
Marlène Schiappa a souligné l’importance de donner la parole aux invisibles et aux inaudibles, de s’adapter aux spécificités de chaque territoire et de faire remonter les bonnes pratiques.
Les quelques points sur lesquels Marlène Schiappa a insisté concernent :
- l’émancipation économique des femmes pour une réelle autonomie financière des femmes indispensable pour lutter contre les violences faites aux femmes;
- le sexisme au travail (rapport de Brigitte Grésy);
- l’égalité professionnelle et son rôle crucial dans la lutte contre les violences faites aux femmes;
- la lutte contre le cyber harcèlement;
- la situation des séniores retraitées, un révélateur de la profondeur des inégalités;
- la demande aux banques de soutenir le financement de projet de femmes;
- la place des femmes dans les industries du numérique, en baisse depuis 2008.
Hélène Bidard a rappelé l’importance des associations qui font œuvre de service public. Elle a énoncé plusieurs mesures prises par la ville de Paris. Le budget de la ville de Paris pour travailler sur les violences faites aux femmes est en augmentation de plus de 23% pour couvrir, entre autres, le financement d’études pour ouvrir un lieu pour les femmes, une cité de l’égalité, et ouvrir des résidences pour accueillir les femmes victimes de violence (10 ème , 11ème, 12ème). Il s’agit de répondre à l’augmentation de plus de 30 % des plaintes pour agressions sexuelles à Paris. La ville de Paris a mis en place un dispositif expérimental de cellule d’écoute contre les violences.
Hélène Bidard a aussi insisté sur la nécessité absolue d’éradiquer l’ambiance sexiste qui existe encore dans le monde du travail et de construire l’éducation de l’égalité, en particulier dans les collèges.
« Les vraies expertes de l’égalité, c’est nous toutes. «
Adage est une association qui soutient les femmes éloignées de l’emploi. L’objectif d’Adage est de lever les freins à l’insertion professionnelle des femmes en grande précarité. 8% des femmes qui s’adressent à l’association sont analphabètes et 1/3 sont diplômées. L’association a construit six ateliers dans le but d’écouter la parole des femmes et de construire des propositions pour améliorer leur situation.
A tour de rôle, les quatre invitées représentant les femmes aidées par ADAGE, ont pris le micro pour dire ce qu’elles feraient si elles étaient ministre du Travail ou ministre des Droits des Femmes. Pour elles : « Les vraies expertes de l’égalité, c’est nous toutes. «
Elles ont parlé :
- des difficultés rencontrées pour la garde des enfants y compris la garde des enfants malades, spécialement parce que les femmes travaillent souvent en horaires décalés et dans des emplois précaires;
- des difficultés à concilier les conditions de travail et de vie familiale;
- des accès aux formations, d’apprendre à chercher un travail.
- des difficultés socio personnelles des femmes renforcées par l’absence d’argent;
- de développer une meilleure image d’elles-mêmes;
- de l’importance de l’alphabétisation.
Marlène Schiappa a repris la parole pour signifier qu’elle avait bien pris note de toutes ces remarques, insistant sur le caractère indispensable du développement des programmes d’alphabétisation. Elle a ajouté des idées collectées lors du Tour de France de l’égalité, par exemple celle de proposer des dessins animés sur l’égalité à destination des écolier.e.s, ou d’offrir des horaires adaptées pour l’accueil de la petite enfance.
La secrétaire d’Etat a également parlé d’une étude commandé à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) sur les possibilités d’allongement du congé paternité et d’une meilleure rémunération de celui-ci.
La maire du 14 ème arrondissement Carine Petit qui accueillait l’événement, a rebondi sur les propos de Marlène Schiappa, soulignant l’importance de comptabiliser les enfants de moins de trois ans pour la carte scolaire, c’est à dire l’ouverture ou la fermeture de classes.
Melanie Siehen, directrice de Solidarité femmes – le relais 77, a présenté les difficultés rencontrées par les femmes victimes de violences dans les milieux ruraux d’Ile de France. Les problèmes sont nombreux : la répartition des lieux d’hébergement, la pression sociale sur les femmes dans les villages “l’agresseur peut être bien considéré, inséré socialement, le dénoncer est difficile”, l’isolement, la nécessité d’augmenter les transports scolaires et enfin le besoin de formation de tou.te.s les professionel.le.s impliqué.e.s.
La fondatrice de Rêv’elles, Athina Marmorat, a décrit le travail de l’association qui, depuis 2013, a suivi 300 filles et jeunes femmes entre 14 et 22 ans, issues de la Seine St Denis. L’association propose des visites d’entreprise, des coachings collectifs et personnels, met en relation les jeunes femmes avec des professionnelles comme des architectes, ingénieures, etc. L’association travaille également avec les familles de ces filles et jeunes femmes. Le but est de se placer en amont de l’insertion professionnelle.
Adolé Ankrah, membre du Haut Conseil à l’égalité f/h, directrice de Femmes Inter Associations – Inter Service Migrants (FIA-ISM ) a également souligné le rôle crucial du développement économique des femmes constatant que les choses bougent peu dans ce domaine depuis 20 ans et que les freins à la création sont nombreux pour les femmes. Elle se souvenait d’un beau projet de restaurant social et solidaire porté par des femmes qui “n’ont pas pu tenir le coup” par manque d’accompagnement. Pour Adolé Ankrah, il faut mettre en place des structures pour valoriser les talents des femmes, leurs savoir-faire cachés, en particulier dans les quartiers et aussi créer des espaces collaboratifs pour développer l’économie sociale et solidaire pour les femmes et par les femmes.
Le Tour de France de l’égalité a engagé des réflexions importantes et déjà offert plus de visibilité aux mouvements et associations qui travaillent sur l’égalité et les droits des femmes, en particulier dans les quartiers prioritaires de la ville, en Ile de France.
Brigitte Marti 50-50 magazine