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Une nouvelle série d’agressions sexuelles dévoilée par plus d’une cinquantaine de femmes aux Etats-Unis à l’encontre d’un producteur de cinéma a entraîné une vague de dénonciations de faits similaires dans le monde entier !
Comment sont considérées les femmes dans la société ? D’où viennent ces comportements de domination des hommes ? Pourquoi la justice ne bouge pas ? Ce sont les questions qui se posent.
Une prise de conscience collective est en train de s’opérer. Le débat sociétal s’impose, il permet d’ouvrir les yeux et les oreilles pour entendre ces témoignages de femmes et pour les prendre en considération. Voilà comment un cas de harcèlement sexuel très médiatisé nous rappelle une réalité quotidienne vécue par des millions de femmes dont la parole est trop souvent déconsidérée voire étouffée.
Chacune d’entre nous a vécu ou connait une femme dans son entourage ayant subi une agression sexuelle (allant d’une main baladeuse au viol dans le plus grave des cas). Les violences sexuelles sont fréquentes et répandues : en France, 1 femme sur 8 a subi au moins un viol ou une tentative de viol au cours de sa vie, soit 83 000 femmes victimes de viol ou tentatives de viol chaque année. 53 % des femmes disent avoir été victimes d’agression sexuelle et/ou de harcèlement.
Ces violences sont peu dénoncées : la moitié des victimes ne fait aucune démarche et seulement 10% des victimes de viol portent plainte, quand seulement 10% des plaintes aboutissent à la condamnation de l’agresseur. Ce sont donc 99% des violeurs qui restent impunis.
Il serait trop facile de limiter les agressions sexuelles au viol, il ne faut pas mésestimer la portée néfaste qu’ont sur les femmes les attouchements, les propos sexistes ou vulgaires, les frottements sournois dans les transports publics, « les mains aux fesses » ou ailleurs, les exhibitionnistes…
Les violences faites aux femmes dans le monde politique et du show-biz sont une réalité, mais elles ne sont néanmoins pas cantonnées à ces sphères en particulier. Le harcèlement sexuel au travail et dans la rue est courant. Dans une étude du Défenseur des droits, parue en 2015, on apprend que le harcèlement au travail touche une femme sur cinq.
Certaines femmes ont pu avoir le courage de parler, disposent des moyens ou ont l’opportunité de créer des moyens pour intervenir avec force dans le débat public. Cela permet d’amplifier la condamnation de ce type de comportement. Mais beaucoup d’autres femmes n’arrivent pas à le faire, par peur de perdre leur emploi, de se retrouver stigmatisées. Combien d’abus, combien d’employées, de stagiaires, de travailleuses du nettoyage, du commerce, de serveuses, d’assistantes administratives, … sont harcelées dans le silence ? Combien de victimes malmenées, intimidées et forcées de répondre aux avances de l’employeur, du chef de magasin, du chef de service, n’ont d’autre choix que de se taire ? Elles sont très nombreuses à vivre la précarité, à travailler avec des horaires décalés, très tôt le matin ou tard le soir, et à subir le harcèlement au quotidien au travail et dans la rue, et à ne pas s’y opposer de peur de perdre leur emploi !
Ce sont elles qui ont le moins de moyens pour se défendre, connaître les dispositifs juridiques existants, trouver l’argent pour payer un avocat, trouver le temps pour faire les démarches. Les harceleurs profitent souvent de leur position de domination économique, hiérarchique ou politique, et les femmes en situation précaire en sont les premières victimes.
Via internet, les réseaux sociaux ont permis de libérer la parole et leur succès fulgurant prouve bien que le mal-être est réel et qu’il est temps de parler, de dénoncer les agresseurs : porter plainte, faire des actions collectives, se battre pour que le syndicat prenne à bras le corps la lutte contre le harcèlement au travail, nous mobiliser pour forcer la police à enregistrer la plainte, obliger la justice à trancher vite.
Le poids des religions, la publicité, la sexualité omniprésente dans la société, la mise en valeur de la force physique contribuent à ancrer encore un peu plus dans les têtes masculines le fait que la femme est le « sexe faible », que son corps est un objet, qu’elle est la propriété privée de « son homme ». Ce sont des idées ancrées dans les fondements de nos sociétés.
Les associations féministes, les syndicalistes féministes ont bataillé contre ces idées depuis longtemps; elles ont mené des campagnes et des mobilisations contre les violences faites aux femmes, soutenu des femmes victimes, contribué à mettre en avant les valeurs de respect, de dignité dues aux femmes…
Aujourd’hui, nous vivons une époque de mutations importantes des mœurs, les filles avancent avec leur temps et certains garçons vivent ces changements comme une perte de leur statut ! C’est aussi l’éducation transmise aux filles ET aux garçons qu’il faut repenser. Les filles doivent avoir les armes pour se défendre mais les garçons doivent de leur côté apprendre et intégrer le respect pour les femmes.
En finir avec le harcèlement sexuel à l’encontre des femmes, avec les violences faites aux femmes, avec les comportements agressifs envers les femmes, c’est une bagarre d’ampleur à laquelle la participation active des hommes est indispensable, car tous les hommes ne sont pas des agresseurs loin de là et ce débat ne doit pas se transformer en guerre des sexes.
Il faut que les hommes s’engagent dans cette bataille, le genre masculin ne sort pas grandi de cette campagne ni de cette réalité qui en est une. C’est ensemble, femmes et hommes, que nous devons nous battre pour condamner ces violences sexuelles et pour créer de nouveaux rapports sociaux, de respect mutuel et d’égalité.
Le Comité National – Organisation Femmes Égalité pour l’émancipation et le progrès social.