Articles récents \ Contributions Au Canada, les femmes font aussi toujours plus de tâches ménagères que les hommes
Cette croyance selon laquelle les femmes sont « responsables » du domaine domestique est difficile à ébranler et profondément intégrée. L’Institut de la Statistique du Québec (ISQ) s’est penché sur la question à travers différentes études. Il en ressort que même si les hommes « s’améliorent » nettement, il persiste de vrais écarts.
Seules 7,4% des femmes ne font jamais le ménage, contre 13% d’hommes. Le déséquilibre entre les sexes prospère au Canada selon l’ISQ : les recherches montrent que, pour une égalité réelle, il faudrait que les hommes consacrent environ 9 heures de plus par semaine aux tâches ménagères ! Les femmes assument toujours le fardeau des tâches ménagères, en particulier après avoir eu des enfants. Toutefois, lorsqu’elles gagnent davantage, leur pouvoir de négociation avec leur partenaire augmente, de telle sorte que l’implication pour les tâches ménagères est directement corrélée au salaire de l’une et de l’autre.
» La situation la plus stressante dans leur vie «
En Angleterre, Siobhan Freegard, la fondatrice de NetMums (le plus grand réseau social pour les parents) a déclaré : « Chaque fois que nous demandons aux femmes quelle est la situation la plus stressante dans leur vie, les tâches ménagères arrivent au sommet ».
Nous devons nous demander pourquoi ce sujet revient encore et encore : est-ce que les femmes sont vraiment génétiquement programmées pour garder la caverne ordonnée alors que les hommes se rendent à la chasse ?
Car bien qu’effectué dans la sphère domestique, le ménage a des conséquences sociales importantes. En 1974, la féministe et sociologue britannique Anne Oakley s’intéressait aux phénomènes du « travail invisible » (dans son livre The Sociology of Housework). Pourtant, après des décennies de féminisme, les choses n’ont pas réellement changé…
Sur cette question, il y a une réelle part « d’égalité subjective ». Comprenez par-là que :
- Les femmes sont indulgentes vis-à-vis des hommes. En effet, quand une femme fait le triple de ménage d’un homme, elle estime généralement qu’elle fait sa « juste part » selon une étude de 2011.
- Toujours selon cette étude, les hommes n’ont pas la même perception de ce qui doit être fait. Ancré dans une logique où leur père n’a jamais pris part au travail domestique (pendant que leur mère l’accomplissait en silence…), ils ne sont pas habitués à ces tâches et ne prêtent pas attention aux mêmes choses que les femmes.
Rendre visibles les tâches invisibles !
Il suffirait, plutôt que d’attendre diverses études qui confirment que les tâches ménagères ne sont pas équitablement partagées au sein d’un couple, d’en parler une bonne fois pour toutes à son partenaire ! Et justement de faire en sorte que ces « tâches invisibles » deviennent « bien visibles ».
Quoi de plus rageant que de voir, au fil des années, les études s’empiler, et les comportements perdurer… S’il s’agit vraiment d’un problème d’égalité subjective, alors il suffit simplement de remettre un peu « d’objectivité » là-dedans…
Car ce qui est souvent moins dit, c’est que les tâches ménagères se font forcément au détriment d’autres activités. Comme le souligne l’infographie, le temps libre est inférieur de 35 minutes par jour chez les femmes par rapport aux hommes…
Mickael Delaunay, Responsable de la communication du Chiffon Vert
Infographie : Le chiffon vert