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SOULANY – L’EXPERTE

En partant de Normandie début mai, je compte dans mon journal de bord 12 rendez-vous avec différentes femmes dans les 4 pays que je m’apprête à visiter. Parmi ces premiers contacts, y figure celui du Docteur Soulany Chansy. En arrivant à Vientiane, la capitale du Laos, je reprends contact avec le docteur, qui m’invite à venir la rencontrer sur son lieu de travail, à la Croix-Rouge laotienne.

Soulany a 51 ans. Elle étudie pendant 7 ans à Bakou, en Azerbaïdjan afin d’obtenir son diplôme de médecine. Rapidement, elle obtient le poste de médecin à la Croix-Rouge laotienne à Vientiane. Le Docteur Soulany souhaite élargir ses compétences et acquiert en 1997 le certificat « Management de la recherche des perspectives nationales et internationales du VIH ». Le Docteur Soulany devient une spécialiste du virus VIH et du sida. Elle continue de se former sur des thèmes plus généralistes comme « Développement de projet »ou « Communication et leadership ». Elle suit également de près toutes les actualités concernant le mouvement de la « Croix-Rouge » et ses différents réseaux partout dans le monde.

SOULANY

Progressivement, le docteur Soulany s’éloigne de son cabinet médical pour s’orienter vers la recherche et la mise en place de projets autour du sida. Elle rejoint en tant qu’assistante le projet « VIH/AIDS Project in Laos » en 1999 et en devient la manager un an plus tard. Soulany m’explique que « ce projet s’articule autour de 4 axes principaux. D’abord, mon équipe et moi axons notre travail sur la prévention du virus afin de minimiser le nombre de malades« .

Le docteur me raconte son expérience à Tokyo où elle a suivi une formation sur la prévention. Elle est ensuite allée dans un quartier de la ville japonaise pour rencontrer des prostituées. « Notre objectif est de protéger leur vie, pas de leur faire la morale. Nous leur donnons des conseils pratiques et organisons des ateliers concrets afin qu’elles aient toutes les informations possibles sur le virus« . La deuxième partie du projet consiste à développer un programme anti-stigmatisation et anti-discrimination dans les villages laotiens où le virus est mal connu et où les personnes atteintes sont mises à l’écart de la société. La troisième partie du projet concerne le traitement contre le virus. Le docteur m’informe que « les personnes atteintes sont orientées vers des professionnel-le-s dans les cliniques et hôpitaux aux alentours selon le diagnostic qu’elles/ils établissent. La dernière phase du projet consiste à apprendre aux personnes atteintes du virus ainsi qu’à leur entourage à accepter la situation et à adopter les bons réflexes dans leur quotidien« .

Le docteur Soulany et ses équipes se répartissent le travail en plusieurs activités. Certains membres du projet vont sur le terrain pour comprendre la situation et son évolution afin d’établir des statistiques. A partir de ces données, d’autres membres créent des ateliers de prévention, de sensibilisation et de non-stigmatisation. Elles/ils vont dans les villages laotiens les plus touchés par le virus et établissent le contact grâce à ces différents ateliers. Se rendre aux conférences internationales afin d’expliquer le projet, et montrer les avancées et les résultats obtenus est une activité importante. Soulany m’explique « qu’il est aussi nécessaire de lier des partenariats avec les ONG et les entreprises » pour gagner en visibilité et récolter des fonds pour financer le projet. »

Soulany travaille de projet en projet, tous liés à différents aspects du VIH. Entre ses travaux de recherches, ses mises en application à travers des workshop, ses conférences internationales et son rôle de manager au sein de ses équipes projets, elle a un emploi du temps bien chargé !

Après avoir échangé pendant une heure dans son bureau, Soulany est appelée pour la réunion hebdomadaire du projet. Je n’ai pas le temps d’aborder des sujets relatifs à sa vie personnelle. Mais je crois que ce témoignage professionnel en dit long sur sa façon de voir le monde. Le CV détaillé de 12 pages de Soulany témoigne de son envie constante de s’enrichir intellectuellement à travers les formations et les multiples conférences qui lui permettent de se battre jour après jour pour une cause qui lui est chère !

 

Emilie Porée 50-50 magazine

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