Articles récents \ Monde Emilie en Asie : portraits de femmes
Fah Today la persévérante
L’université Slipakorn est située à 1h30 de Bangkok ! Sur le campus universitaire il fait 37° et je me rends dans la classe de Fah Today, professeure de français. Nous allons déjeuner ensemble avec ses étudiant-e-s à la caféteria universitaire. A l’issu de cette belle rencontre, Fah m’en dit un peu plus sur son parcours de vie.
Elevée par sa grand-mère, Fah a reçu une éducation religieuse et stricte. A l’âge de 24 ans, la jeune femme décide de partir au sud du pays pour continuer ses études. « J‘avais envie de prendre mon indépendance en m’éloignant un peu de mon foyer, parce qu’ici on reste l’enfant de ses parents jusqu’au mariage, sans avoir l’autorisation d’aller dormir chez une copine ou bien de sortir au parc après les cours« , témoigne-t-elle. L’âme voyageuse, Fah confie qu’elle aspirait depuis toute petite à devenir hôtesse de l’air pour pouvoir parcourir la terre entière à la rencontre de nouvelles cultures. Au fil de ses études, elle brille dans le domaine des langues et plus particulièrement celui du français. Cette vocation prendra progressivement le pas sur ses rêves de petite fille.
Après avoir obtenu son Master Franco-Thaï, Fah décide de ne pas s’arrêter là. Elle fait ses valises et part en France continuer ses études : « l‘une de mes plus belles réussites fut l’obtention de mon Doctorat et aussi d’avoir réussi, après plusieurs épreuves, à m’adapter au mode de vie français. Je ne connaissais personne en arrivant à Paris et j’étais complètement dépaysée« . Si Fah devait comparer les cultures thaï et française, c’est sans hésitation : « la liberté d’expression et de pouvoir dire non » qui l’a le plus surprise lors de son séjour en France. Les Thaïs n’ont pas l’habitude de dire ce qu’elles/ils pensent car veillant au bien-être de l’autre et par peur de la/le blesser ou gêner, elles/ils vont pratiquer une autocensure de leur parole. En Thaïlande, il est très mal vu de refuser quelque chose, littéralement le mot « non » se traduit par « pas oui » en thaï.
De retour dans son pays d’origine pour exercer son métier d’enseignante, Fah vit aujourd’hui en composant les cultures thaï et française et donne chaque jour à ses élèves, depuis 18 ans, des clés linguistiques et culturelles pour s’ouvrir et s’intéresser au monde qui les entoure.
Jirapa : l’authentique
Voilà déjà 5 jours passés dans la capitale thailandaïse ! Il est temps d’aller un peu plus au sud du pays, vers Phuket pour me ressourcer sur les îles. Pendant les 14 heures de bus, je rêve aux paysages que je vais trouver en arrivant, j’espère que les photos paradisiaques qu’on voit sur internet disent vrai !
Une fois arrivée à Phuket Town, je prends le « long boat » direction une petite île sauvage nommée Koh Yao Noi. Après tous ces trajets, mon ventre est vide et je m’arrête alors dans un petit restaurant, au bord de la plage. Jirapa vient me saluer « สวัสดี / sà-wàt-di » et me demande ce que je souhaite pour le déjeuner.
Jirapa est née sur la petite île il y a 20 ans, elle y a grandit, et y travaille désormais. Elle a été à l’école puis a décidé de rejoindre rapidement l’affaire familiale pour mettre sa main à la pâte. Jirapa travaille au « Pasai Corner », un restaurant thaï où l’on peut déguster des plats locaux succulents ! Jirapa aide en cuisine et au service et ce qu’elle préfère « c’est cuisiner ma spécialité, le pad thaï et voir le sourire des client-e-s lorsque je leur apporte le plat« .
La jeune femme parle un peu anglais, elle a appris la langue grâce aux échanges avec les client-e-s étranger-e-s qui viennent s’asseoir sur les bancs du « Pasai Corner ». Jirapa n’a presque jamais quitté son île sauf quelque fois pour rejoindre la ville de Phuket Town, située à 45 minutes en bateau. Elle ne s’est jamais rendue à Bangkok ni dans d’autres pays et cela ne lui manque pas. Jirapa vit simplement entourée de sa famille et de ses quelques amis en travaillant tous les jours. Elle suit des valeurs simples qui lui ressemblent telles que l’enthousiasme, la générosité et l’authenticité.
Jirapa vit selon une belle philosophie de vie qu’elle transmet naturellement par son sourire et sa chaleur humaine !
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Emilie Porée 50-50 magazine