Articles récents \ Monde Femmes d’Avenir en Méditerranée : donner aux jeunes femmes les moyens de « développer un réseau euro-méditerranéen de promotion de l’égalité femmes-hommes »

Du 9 au 20 mai dernier, sous l’égide de Sciences Po Paris et de son programme PRESAGE (1), 21 « jeunes femmes brillantes » issues de la rive Sud de la Méditerranée sont venues suivre la formation de haut niveau « Femmes d’Avenir en Méditerranée » (FAM). Pour cette deuxième édition, c’est à nouveau un cortège d’actrices du changement venant de la société civile, d’entreprises privées et publiques, des secteurs culturel et politique, qui ont été sélectionné selon des critères d’excellence et leur volonté de promouvoir l’égalité.

 
FAM 1
 
La cohorte 2016 de Femmes d’Avenir en Méditerranée regroupe des jeunes femmes originaires de 9 pays du pourtour méditerranéen, du Maroc à la Turquie, qui seront les futures ambassadrices de l’égalité femmes/hommes dans leur domaine d’expertise. La diversité des parcours de chacune rend l’expérience de cette formation d’autant plus enrichissante. Cuisinière, journalistes, chercheuses, auto-entrepreneuses, (…), ces jeunes femmes présentent des projets innovants et des parcours hors-norme. Le programme FAM porte à cœur d’enraciner un véritable partenariat euro-méditerranéen professionnel et militant pour les droits des femmes.
Pendant 2 semaines, ces jeunes femmes ont suivi une formation pluridisciplinaire d’excellence, alliant théorique et pratique, à Paris et à Strasbourg. Au programme figurent les deux principales thématiques portées par « Femmes d’Avenir en Méditerranée » : l’égalité des sexes et le leadership. Dans un premier temps, les candidates se sont familiarisées avec le vocabulaire de l’égalité et le cadrage théorique des études de genre, puis ont participé à des ateliers académiques donnant des clés de compréhension de l’égalité dans différents domaines :économie, politique, droit. Pour les aider à devenir des femmes leaders dans leur environnement, le programme FAM cherche à donner aux candidates des outils leur permettant d’identifier leurs freins à l’égalité et renforcer leurs capacités. Cette formation contribue au développement tant personnel que professionnel des stagiaires et vise à développer un réseau méditerranéen dédié à l’égalité femmes-hommes dans la région : GEMED. Ce réseau, animé par les lauréates FAM, cherche à promouvoir l’égalité et l’action des femmes afin de diffuser une culture de l’égalité.
Faten et Abeer sont deux des 21 participantes. Après la cérémonie de fermeture de cette formation, elles sont reparties émues, la tête pleine de nouveaux projets.
Faten : « l’égalité entre les hommes et les femmes, ça passe par responsabiliser les hommes et conscientiser les femmes »

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Faten est journaliste et bloggeuse à Alger depuis 9 ans. Engagée dans le panafricanisme, elle a couvert les zones de conflit au Mali, au Liban et en Mauritanie. Elle s’est inscrite au programme « Femmes d’Avenir en Méditerranée » pour s’ouvrir aux problématiques du genre qui l’ont toujours questionnée.
Que retenez-vous du programme FAM ?
Cette formation au départ, m’a fait très peur parce que je n’aime pas que l’Occident impose des concepts. Mais pourtant cela m’a permis de me questionner et de trouver des réponses. La question du genre n’est pas vraiment traitée en Algérie alors que toutes les inégalités y existent, elles ne disent pas leurs noms mais elles existent ! Chaque atelier, chaque journée  a été très particulier et très intense. Ce que j’ai retenu c’est que nos professeur-e-s ont fait beaucoup d’efforts pour nous décrypter des concepts qui ne sont pas faciles à faire comprendre. On se rend compte que l’on se laisse beaucoup aller, que l’on s’habitue aux inégalités. FAM m’a vraiment aidée à me positionner sur les thématiques d’égalité.
Est-ce que ces enseignements et ces rencontres vous ont ouvert de nouvelles perspectives professionnelles ?
Avant la formation, j’avais pour projet de faire des ateliers de journalisme dans le sud de l’Algérie pour permettre aux populations isolées d’acquérir des outils critiques face aux médias et de développer leur propre vision des choses. Aujourd’hui, j’ai envie d’intégrer un cours sur l’égalité entre les femmes et les hommes à ces formations, et aussi peut-être d’essayer de l’expliquer selon notre culture algérienne, musulmane, africaine, parce qu’il me semble que c’est très important. Je pense qu’à travers « Femmes d’Avenir en Méditerranée » nous avons les outils pour parler aux gens. Nous sommes vraiment chanceuses parce que nous allons pouvoir les transmettre à un large public. Parler de l’égalité, sans forcément l’atteindre rapidement parce qu’on en est vraiment loin, mais au moins responsabiliser les hommes et conscientiser les femmes.
Dans votre métier de journaliste, est-ce que vous voudriez désormais développer plus de sujets sur les femmes ?
En fait, quand j’ai commencé en tant que journaliste, je travaillais dans la promotion culturelle et je me focalisais sur les femmes artistes, de manière inconsciente. Je pense que ce travail je l’ai toujours fait mais je comprends beaucoup mieux les enjeux maintenant.
 
Abeer : « Même s’il reste beaucoup de choses à faire pour atteindre l’égalité, on a appris à avoir confiance en nous-même, à être positive. »

abeer

Abeer est une jeune avocate palestinienne de 24 ans qui habite à Ramallah. Engagée dans des activités de recherches, elle est très intéressée par les droits fondamentaux et souhaiterais faire carrière dans des organisations internationales.
Pourquoi avez-vous participé au programme FAM ?
Je m’intéresse beaucoup aux droits des hommes, des femmes et aux droits fondamentaux, je voulais en apprendre d’avantage et acquérir des outils de leadership. Le sujet du genre je ne l’ai jamais étudié, même à l’université, donc tout cela est très nouveau pour moi. Même le concept de droits des femmes qui n’existe pas en Palestine, je l’ai vraiment compris ici. C’était une super formation, on a beaucoup appris et j’ai rencontré 21 magnifiques femmes de beaucoup de pays arabes. C’était superbe !
Que retenez-vous de cette formation ?
On a appris le concept général des genres et puis comment devenir un leader, comment doit-on organiser nos idées pour défendre les droits des femmes. On a appris comment s’exprimer, comment se présenter d’une manière positive, ne jamais se déprécier et avoir confiance en nous-même. Quand nous sommes allées à Strasbourg, ça m’a beaucoup marquée, nous avons rencontré une députée de l’UE qui nous expliquait que même dans les grandes instances européennes il y avait des hommes pour contredire les femmes politiques, c’est ce qu’on appelle le manstreaming. J’ai trouvé ça intéressant et j’étais surprise que cela existe en Europe.
Je vais encourager mes amies palestiniennes à participer à la formation. C’est très important pour mon pays d’intégrer cette notion d’égalité car tout est à construire, nos lois sont très anciennes et nos droits fondamentaux ne sont pas bien respectés. Je voudrais transmettre tout ce que j’ai appris aux femmes palestiniennes.
 
Charlotte Mongibeaux 50-50 Magazine
(1) PRESAGE : Programme de Recherches et d’Enseignement des SAvoirs sur le GEnre
Pour plus d’information sur la formation : le site, les actualités sur twitter

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