Articles récents \ DÉBATS \ Contributions La belle histoire du féminisme à Gennevilliers
Au départ, elles sont 4 ou 5, infirmières, assistantes sociales qui travaillent au Centre Médico Social de Gennevilliers et qui réfléchissent aux problèmes de sexualité, du couple, de la famille. Nous sommes en 1973. Ce groupe de femmes de tous horizons va militer au MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception). Des hommes les soutiennent et adhèrent au groupe. La belle histoire du féminisme commence à Genevilliers.
Ces femmes vont s’associer à un cabinet médical où des médecins libéraux militant-e-s du GIS (Groupe Information Santé), signataires du manifeste des 330 déclarant avoir pratiqué des avortements, ont appris directement de Karman sa méthode d’aspiration. L’ IVG devient une pratique militante. L’ouverture d’un centre officiel à l’hôpital est le but recherché.
Des permanences se tiennent dans une maison où les femmes souhaitant avorter sont reçues collectivement. Ce sont les femmes elles mêmes qui désignent celles qui bénéficieront des 3 à 4 avortements qui se font par semaine sans anesthésie pour les petites grossesses. Les autres femmes sont dirigées vers la Hollande ou l’Angleterre.
1974 Michèle Manceaux recueille les témoignages de militantes et de femmes ayant avorté. Les femmes de Genevilliers (1) sera publié en 1975.
1975 Des militantes féministes font de l’information aux portes des usines et organisent des rencontres sur l’éducation sexuelle dans les collèges et lycées.
Le film Histoire d’A est montré au cinéma Jean Vigo.
1975 En janvier la Loi VEIL autorise l’IVG. Les statistiques antérieures à la loi parlent d’elles mêmes: 22,6% des femmes reçues avaient déjà avorté de manière risquée, les employées étaient les plus nombreuses, les femmes mariées sont 54%, les jeunes femmes 12%. Après la huitième semaine, 40% des femmes allaient en Hollande et 21% en Angleterre.
Un Centre d’IVG et de Contraception (CIVG) voit le jour à Colombes au sein de hôpital Louis Mourier, grâce à la lutte des médecins et des militantes du MLAC de Gennevilliers et du MFPF. Il devient le premier CIVG autonome au sein de l’Assistance Publique.
1976: Après avoir travaillé sur le féminisme, le sexisme, l’éducation des petites filles, les militantes souhaitent dénoncer le sexisme quotidien dans ces multiples lieux d’expression
Ainsi paraît la ville à l’An Vert livre conçu, dessiné et réalisé collectivement, proposant une ville féministe, écolo, conviviale.
1978: C’est la grande fête du « mur peint » réalisé en 2 week-end sur l’immeuble-barre Gérard Philippe au Luth. Il représente le parcours difficile des femmes pour l’accession à l’IVG, le besoin de crèches mais aussi le plaisir d’être ensemble, de faire de la musique, de réaliser des films, le tout sous un bel arc-en-ciel !
1981 Nous ouvrons une maison pour les femmes rue Dupressoir, avec les militantes d’Elles Ouvrent la Porte, association non mixte qui s’adresse aux femmes du quartier dont les femmes immigrées.
On y trouve des cours d’alphabétisation, de français langue étrangère, de couture mais aussi des ateliers photos, d’écriture… On y pratique aussi self défense féminin, yoga, bricolage. On y fait des déjeuners-rencontres, des dîners-débat, on organise des voyages avec les adhérentes… On y a soutenu Solidarnosc.
Nous devenons aussi l’antenne du Centre des Droits des femmes (antenne du CIDF de Nanterre).
1984 un groupe de mères de famille de la « cité rouge »(les 3F) aux Grésillons créent avec l’association « PLEIN GrèS », leur 1ère halte garderie.
1989 1990 Plein Grés et Elles Ouvrent la Porte s’associent pour réfléchir au problème de la formation des professionnel-le-s de la petite enfance et décident de fonder une nouvelle association Halte et Elles et de créer un Centre de formation professionnelle pour les femmes qui s’installent aux 3 F.
1991 Une permanence pour les femmes concernées par le VIH (personnes atteintes, proches, familles) est ouverte.
1993 Elles Ouvrent la porte, fonde une nouvelle association qui sera en charge des violences faites aux femmes. C’est L’Escale qui propose accueil, écoute, soutien psychologique, accompagnement dans les démarches, hébergement. L’association adhère à la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), réseau engagé pour l’égalité F/H et dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
1994 L’Escale qui a deux salariées s’agrandit : 7 lits, 2 appartements pour les femmes souhaitant se mettre en sécurité.
1997 Participation à la Commission départementale de lutte contre les Violences faites aux femmes, animée par la Déléguée aux Droits des Femmes. Journée «femmes dans les quartiers: les chemins vers l’emploi.»
1999 L’Escale obtient de la DDASS un agrément comme Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) pour 12 places.
2000 L’Escale s’associe avec le centre Flora Tristan, Accueil Femmes en difficultés et l’Association d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales, pour mettre en place un dispositif départemental d’accueil « Femmes victimes de violences 92 » avec un numéro d’écoute (01 47 91 48 44). Dispositif soutenu par L’Etat et le Conseil Départemental 92, il reçoit chaque année entre 1 500 et 1 800 appels.
2002 L’Escale mobilise les associations de Gennevilliers autour du 25 novembre. Depuis les années 2000, des actions sont organisées avec Femmes Relais, Elles Ouvrent la Porte, Femmes Solidaires. Depuis d’autres partenaires dans plusieurs communes du 92 s’engagent aux côtés de l’Escale.
2003 Un film réalisé par Paule Zadjermann passe au cinéma Jean Vigo et dans les médias: Quand les femmes s’en mêlent. Il retrace, entre autres, l’histoire des associations de Genevilliers.
L’Escale participe au groupe de travail ADFEM dans l’analyse du parcours des femmes étrangères victimes de violences, pour un livre coordonné par le RAJFIRE auquel participent entre autres la CIMADE, la FNSF et l’ASFAD.
2003 – 2005 Un poste de «chargée de lutte contre la précarité» est créé à l’Escale dans l’objectif d’aider les femmes à s’insérer dans une formation ou un emploi.
Avec l’appui du Conseil Départemental 92 et de l’Etat, une autre structure appelée Maison communautaire ouvre avec 15 places d’hébergement puis augmente la capacité à 25 places quelques années plus tard. Augmentation du nombre des places d’hébergement soit 15 places au CHRS de l’Escale.
2007 – 2009 Convention départementale entre le Préfet des Hauts de Seine, l’Escale, Flora Tristan et les 4 Centres d’Information Des Femmes et des Familles (CIDFF) 92 en vue d’améliorer le partenariat avec les services de police et organiser des formations.
L’Escale ouvre un service d’urgence en hôtel.
Recherche action réalisée dans le cadre d’un appel à projet « Lutte contre les discriminations dans l’accès au logement des femmes victimes de violences » par L’Escale et le Relais de Sénart, membre du FNSF. Conférence au CR IDF avec la participation de femmes hébergées, d’ élu-e-s et bailleurs.
En 2009 une convention régionale est signée pour la mise à disposition de logements pour les femmes victimes de violences suivies ou hébergées. Depuis chaque année , plus de 100 femmes hébergées au sein des 11 associations de l’Union Régionale Solidarité Femmes IDF bénéficient de relogement après avoir fui les violences.
Diversification des formes d’accueil et d’hébergement: accueils collectifs, ateliers estime de soi – prise de parole en public, ateliers parentalité et pour les enfants. Ouverture d’1 puis 2 appartements d’urgence (8 places).
Mise en chantier d’une Maison Relais en partenariat avec la Ville de Clichy, la DDASS, le CD92, le CR IdF et Immobilière 3F
L’Escale poursuit des actions de sensibilisation auprès du public en particulier avec Femmes Relais et des formations auprès des professionnel-e-s de police, du secteur sanitaire et social (600 personnes).
Rédaction d’un guide à l’intention des professionnel-le-s de santé et partenariat avec le réseau Périnatal 92 Nord. Interventions sur la déconstruction des stéréotypes sexistes au sein d’établissements scolaires.
Exposition Photos et ouvrage: Blessures des femmes de Catherine Cabrol.
2010 -2011 Ouverture de la maison relais de l’Escale pour 24 places et 18 logements pour femmes en difficulté, femmes victimes de violences avec ou sans enfants. Déménagement de l’accueil de l’Escale dans des locaux plus grands.
Colloque organisé avec le CNAM et sortie du livre collectif Tu me fais peur quand tu cries! Des articles sur le travail du groupe paraissent dans les médias.
2011 L’Escale est signataire du protocole départemental portant sur l’ordonnance de protection avec le Tribunal de Nanterre.
2012 – 2015 Ouverture des permanences de l’Escale pour femmes victimes de violences en milieu hospitalier à Colombes (hôpital Louis Mourier), Clichy (Beaujon), Nanterre (Max Fourestier), Asnières (Maison Municipale de la Santé), Villeneuve la Garenne (centre de santé de la Croix Rouge).
Poursuite des actions auprès des professionnel-le-s de santé avec signature d’un protocole inter-maternités et L’Escale avec la préfecture, l’ARS, les hôpitaux concernés, le réseau périnatal.
Un projet féministe et intergénérationnel est porté et réalisé par Elles Ouvrent La Porte, en partenariat avec Université Populaire 92 et le Centre d’histoire locale de Gennevilliers afin de mieux connaître les femmes exceptionnelles dont les noms ont été données à des écoles de la ville.
Signature d’une convention de fonctionnement, entre la DRIHL 92, le SIAO, le 115 et les associations spécialisées dont l’Escale et le centre Flora Tristan, pour les femmes victimes de violences en vue d’améliorer l’orientation et l’accès à l’hébergement
Plus de 700 femmes confrontées à toutes formes de violences, sont accompagnées hors hébergement ou hébergées chaque année à L’Escale-Solidarité Femmes (nouvelle dénomination) qui ouvre un nouvel accueil pour les enfants toujours victimes des violences conjugales.
Elles Ouvrent la Porte, L’Escale- Solidarité Femmes, Femmes Relais
1 Michele Manceaux : Les femmes de Genevilliers. Ed. Mercure de France 1975
2 Histoire d’A, film de Charles Belmont et Marielle Issartel 1973
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