Articles récents \ France \ Politique Front National : les féministes montent au front
Le Front National aux commandes d’une région, c’est la régression totale des droits des femmes à tous les niveaux. C’est le droit à l’avortement, l’abolition de la prostitution, la parité, l’égalité femmes/hommes au travail etc. remis en cause. Les féministes sont vent debout face à cette menace pour les acquis des femmes obtenus de haute lutte.
Collectif National pour les Droits des Femmes
Le Front national : une fausse solution pour les femmes
En France, les femmes qui ont un emploi gagnent 27% en moyenne de moins que les hommes. 30 % travaillent à temps partiel, contre seulement 5 % des hommes. Ces inégalités ne sont jamais dénoncées par le Front national. Le soi-disant «volet social» du programme du FN fait l’impasse sur les conditions d’emploi et de salaire des femmes, ne propose aucune solution concrète de limitation stricte des temps partiels et d’égalité salariale. En parallèle, le Front national continue à désigner «l’immigration» comme seule responsable des bas salaires, du chômage. C’est faux ! Ceux qui licencient, qui imposent le travail à temps partiel et les inégalités salariales, ce ne sont pas les étrangers, ce sont les employeurs qui, seuls, ont ce pouvoir ! Les discours racistes du Front national ne visent qu’à dévier le débat, et éviter de prendre les problèmes à la racine : leur « préférence nationale » n’améliorera pas les conditions d’emploi, de salaire et de travail des femmes !
Pour le FN, la place des femmes, c’est de rester à la maison
Pire encore : ses député-e-s et sénateurs, des élu-e-s locaux / locales, déclarent régulièrement que la place « naturelle » des femmes est au foyer, et que le « revenu parental » proposé par le parti leur est destiné. Une position qui tranche avec l’image de femme moderne qui mène une carrière professionnelle que souhaite donner Marine Le Pen.
La position du FN sur l’avortement est volontairement ambiguë.
En France, l’avortement est légal, mais souvent difficile d’accès à cause de la fermeture de nombreux Centres d’Interruption volontaire de grossesse.
Officiellement, le FN ne veut pas l’interdire. Mais, en parallèle, il propose son déremboursement, et fait une formidable propagande pour la « liberté de ne pas avorter ». En fait, par des solutions détournées, il ne remet pas en cause la loi mais fait tout pour en restreindre drastiquement la portée.
Le FN ne reconnaît pas non plus le droit des lesbiennes à accéder à la Procréation Médicalement Assistée.
Le FN se veut le champion de la sécurité et ne se prive pas de dire que les auteurs de violences faites aux femmes seraient essentiellement les immigrés alors que rien ne l’atteste. C’est une invention de sa part.
Il « oublie » dans son programme que le premier lieu des violences faites aux femmes est la famille (violences conjugales, violences sur les enfants…) Le FN n’a, dans les faits, aucune politique concrète à proposer aux femmes victimes de violences. Le FN n’est pas le parti de la sécurité pour les femmes.
Lire la totalité du dépliant du CNDF
Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes
Les droits des femmes mis en péril par le FN
Face aux résultats inquiétants du 1er tour des élections régionales dimanche 6 décembre, la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) s’alarme du haut risque que le Front National prenne la tête de 6 régions sur 13.
En effet, la région est un échelon particulièrement stratégique pour les droits des femmes. Les collectivités locales sont de plus en plus tenues légalement d’adopter des politiques locales d’égalité femmes-hommes et d’intégrer le genre dans les politiques publiques. Les régions en font partie et vont devenir des collectivités de premier plan.
Les compétences régionales concernent le développement des transports, mais aussi les lycées, l’apprentissage, le développement économique, le soutien aux entrepreneur-e-s, la recherche, la lutte contre les discriminations et bien sûr le financement des associations féministes. La Région peut renforcer les services publics, lutter contre le harcèlement sexuel dans les transports en commun ou encore mener des actions d’insertion pour diminuer la précarité qui touche particulièrement les femmes ou encore contribuer à l’accompagnement de femmes victimes de violences.
Les représentant-e-s du Front national remettent en question systématiquement des acquis de haute lutte et bloque toutes avancées en matière de droits des femmes :
– Marion Maréchal-Le Pen a menacé de stopper les financements attribués au Planning Familial. Les séances d’éducation à l’égalité et aux sexualités qui sont réalisées dans les établissements scolaires seraient supprimées. Marine Le Pen parle fréquemment de déremboursement de l’IVG, ou encore que le coût d’un avortement ne saurait être supporté par l’Etat pour des « femmes étourdies ». Le droit à l’avortement devrait être un droit inaliénable pour toute femme, inscrit dans la charte européenne des droits fondamentaux.
– Les violences faites aux femmes qui touchent plus d’une femme sur 10 sont systématiquement minimisées, et au mieux renvoyées à une réalité internationale lointaine. Pourtant, les violences qui touchent les femmes sont souvent intrafamiliales, ou perpétrées par un proche. Les financements aux associations qui préviennent ou luttent contre ces violences, déjà précaires, pourraient être tout bonnement supprimés.
– Alors que deux de ses représentant-e-s sont des femmes, le Front national ne soutient pas la parité, qu’il attribue à un « égalitarisme forcé ». Ce parti d’extrême droite dirigé par une femme ne saurait faire oublier qu’il refuse le principe d’une égale participation des femmes à la prise de décision, pourtant constitutionnelle, mais au contraire souhaite les voir revenir à la maison. Sous couvert de « salaire parental », c’est bel et bien l’autonomie économique qui est menacée.
– L’exclusion des personnes issues de l’immigration ou réfugiées, dans une période troublée par les attentats, ne ferait qu’aggraver la stigmatisation et institutionnaliserait les discriminations. Le Front National est non seulement profondément sexiste, et souhaitant conforter la domination patriarcale, mais aussi raciste et xénophobe.
– Quant à une éventuelle sortie de l’Europe, quand on sait que la construction européenne a toujours été un point d’appui pour les droits des femmes, avec des nivellements par le haut des droits humains, ce serait une catastrophe. Les parlementaires européenn-e-s FN votent systématiquement contre les mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes : égalité professionnelle, violences faites aux femmes, abolition du système prostitutionnel ou droit à l’avortement reconnu pour toutes les européennes.
– Enfin, le Front National est tout sauf un parti laïc, comme il se plait à le répéter partout, mais bel et bien inféodé aux églises catholiques les plus conservatrices. La laïcité n’est pas une valeur à géométrie variable, mais une garantie de vivre-ensemble et de paix.
Bref, ne laissons pas le FN s’emparer des régions dimanche prochain !
Femmes Solidaires
En état de choc, mais toujours en résistance ! Les résultats des élections du 6 décembre 2015 plongent le pays dans un chaos politique inégalé depuis le début de la Vème république. L’inconcevable il y a encore quelques années vient de se produire, le Front national se hisse en tête des suffrages dans 6 régions sur 13 avec 6 millions d’électrices et électeurs.
Notre association Femmes solidaires, mouvement féministe, laïque, d’éducation populaire est en état de choc. Nous, nées il y a 70 ans de la victoire contre le fascisme et issues des comités féminins de la Résistance, connaissons les réelles intentions du FN et son double discours. Si le Front national se défend aujourd’hui d’appartenir à l’extrême droite française, nous savons que cette imposture sera malheureusement démasquée s’il gouverne demain. Elles et ils renverront les femmes dans leur foyer, plébisciteront des politiques natalistes et écarteront les femmes de toute maitrise de leur fécondité notamment en déremboursant l’IVG et en supprimant toute subvention aux centres de planification comme annoncé par l’une de ses cheffes de file, Marion Maréchal Le Pen.
Nous appelons les femmes, où qu’elles se trouvent, à se mobiliser pour faire barrage au Front national par les moyen qu’elles jugeront les plus opportuns : le tout premier étant de faire reculer le vote FN lui même. Nous savons combien dans certaines régions, il sera difficile pour elles de choisir entre une droite extrême et l’extrême droite. Cette situation n’est pas un hasard ou une gageure de l’histoire de notre pays, elle s’inscrit dans une progression régulière de l’extrême droite qui n’a pu être enrayée par une offre politique crédible. Le vote FN est avant tout un vote de rupture, il doit être analysé comme tel par les dirigeant-es politiques de notre pays dont la responsabilité est immense.
Femmes solidaires va redoubler d’efforts pour rassembler les femmes de notre pays afin qu’elles ne s’isolent pas davantage. Nous appelons notamment à un front républicain pour combattre ces idéologies de la peur et réaffirmons haut et fort le message lancé au lendemain des attentats du 13 novembre dernier :
Notre position est sans équivoque : ni les extrémismes religieux, ni l’extrême droite : nous voulons vivre libres.
Ligue du Droit Internationale des Femmes
Ce n’est sans doute pas un hasard si les électrices se révèlent moins sensibles que les électeurs aux sirènes du FN.
Encore une fois il apparaît à travers les propos tenus sur l’avortement que la question du droit des femmes à maîtriser leur corps n’est pas secondaire dans le débat politique mais représente le révélateur du clivage entre modernité et archaïsme. Cela ne doit cependant pas masquer la responsabilité des partis traditionnels dans cette situation: il est essentiel de passer de l’incantation à l’application de la laïcité notamment quand celle-ci préserve l’égalité femmes hommes et permet de s’attaquer à des attitudes sexistes, au port de signes infériorisants, aux refus de la mixité, aux diverses pressions communautaristes.
La solution ne saurait être le FN. Elle ne peut être que dans notre engagement dans une gauche laïque et féministe affirmée.
Osez le féminisme !
Les résultats de ce premier tour des élections régionales sont un signal alarmant envoyé à toutes les forces progressistes et à toutes les femmes du pays. Avec près de 28% des voix au niveau national et l’arrivée en tête dans 6 régions sur 13, le Front national effectue un score historiquement haut pour des élections régionales. Osez le Féminisme ! s’en inquiète et appelle l’ensemble des citoyen-ne-s à réagir face au danger : mobilisons-nous dimanche prochain pour le second tour, faisons barrage à l’ennemi des droits des femmes.
Alors qu’au lendemain des attentats du 13 novembre la France a plus que jamais besoin de mesures politiques en faveur du vivre-ensemble, de la laïcité et de la solidarité, le Front national continue de stigmatiser une partie de la population et de renforcer les divisions.
Alors que la priorité doit être donnée au renforcement des services publics de proximité et aux aides financières allouées aux associations qui œuvrent pour l’égalité femmes-hommes, les représentant-e-s du FN annoncent la fin des subventions. Marion Maréchal Le Pen et Louis Aliot ont ainsi rivalisé de créativité dans leurs menaces contre les droits des femmes : fin des subventions allouées aux centres de planning familial, opposition au droit à l’avortement…
Les représentant-e-s du Front national ne souhaitent pas seulement mettre fin aux avancées pour l’égalité entre les femmes et les hommes mais bien s’attaquer à des années de luttes et de conquêtes féministes. A l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, les élu-e-s FN votent systématiquement contre les mesures en faveur des droits des femmes : parité, abolition du système prostitutionnel et droit à l’avortement par exemple.
Mis à la tête de régions, les représentant-e-s de ce parti ne feraient qu’aggraver la situation de millions de femmes, alors que les Régions, avec leurs nouvelles compétences, sont des collectivités qui peuvent jouer un rôle important pour l’égalité femmes-hommes.
Avec une abstention de près de 50%, le gouvernement doit prendre toute la mesure de ces résultats, en adaptant sa politique. Osez le féminisme ! en appelle à l’ensemble des citoyen-ne-s : rendons-nous aux urnes dimanche prochain pour mettre fin à la montée du Front national. Envoyons un signal fort au gouvernement, afin qu’il défende un projet de société fait d’égalité, de liberté et de progrès social.
Article actualisé le 10 décembre 2015