Articles récents \ Culture \ Livres Les coups de coeur de Violette and Co pour une rentrée littéraire féministe
Pour s’y retrouver dans la jungle des sorties de la rentrée littéraire, quoi de mieux que les conseils de sa libraire ? Catherine Florian et Christine Lemoine de la librairie Violette and Co, « la librairie des filles et des garçons manqués… et de leurs ami-e-s ! » vous donnent quelques recommandations de lectures.
CHRISTINE ANGOT, Un amour impossible (Flammarion) 216 pages.
La romancière raconte l’histoire de la petite Christine, celle de sa mère, celle de son père et comment les deux femmes furent finalement toutes les deux rejetées, niées par ce dernier. Un roman, malgré le titre, d’amour et un roman, malgré le titre également, politique. Une mise en mots contre une mise à mort.
OYA BAYDAR, Et ne reste que des cendres (Phébus), 562 pages.
La romancière turque brosse un tableau ambitieux et subtil de la politique de son pays des années 70 aux années 90, en mêlant habilement le privé et l’Histoire dans de constants va-et-vient dans le temps. Ülkü a participé à la gauche, a été arrêtée, est partie en exil en France et travaille comme journaliste ; quand on lui demande d’identifier le cadavre d’un diplomate turc assassiné à Paris, elle se remémore sa vie faite d’engagements et d’amours.
JEANNE BENAMEUR, Otages intimes (Actes Sud), 196 pages.
Trois amis se retrouvent après le retour de l’un d’entre eux, Etienne, photographe de guerre, pris en otage. Jofranka est devenue avocate à La Haye pour aider les femmes victimes de guerres et Enzo, lui est resté au village. Le trio renoue le dialogue. Ne peut-on pas être otage de sa propre vie ? Comment trouver la voie de sa libération ? Un roman qui nous amène tout en douceur à avoir le courage de faire face à nous-même.
VIOLAINE BÉROT, Des mots jamais dits (Buchet Chastel), 192 pages.
Une petite fille modèle, l’ainée d’une nombreuse fratrie dont elle s’occupe, a une fascination pour l’amour que se portent ses parents. Elle grandit, de plus en plus solitaire quand elle quitte sa famille pour tenter de vivre de manière autonome ; le bonheur, peut-être, ne sera pas là où elle l’attend. Un beau style sobre et poétique.
ALAIN DEFOSSÉ, Effraction (Fayard), 200 pages.
Quel est le secret d’Anne, une femme vieillissante qui vit seule dans son deux pièces du XIXè arrondissement à Paris ? Un cambriolage réveille les souvenirs enfouis d’un passé à la fois lumineux et sombre. Que s’est-il passé pour qu’Anne – mais est-ce son vrai nom – transforme sa vie de manière aussi étrange ? Un portrait attachant d’une femme qui a vu sa vie basculer.
AGNÈS DESARTHE, Ce cœur changeant (L’Olivier), 338 pages.
Rose débarque seule à Paris au début du XXè siècle. Elle est à la fois savante et naïve et va côtoyer la misère et la vie de bohème. Dans le fond, elle cherche à comprendre qui était vraiment sa mère, en laissant remonter les souvenirs de sa nourrice adorée et en vivant avec une amante de nombreuses années. A travers un roman à multiples rebondissements, une réflexion sur la maternité non biologique.
LAIRD HUNT, Neverhome (Actes Sud), 268 pages.
Le romancier nous transporte pendant la guerre de Sécession aux Etats-Unis et imagine une jeune-femme s’enrôlant dans l’armée en se faisant passer pour un homme ; plus qu’un récit historique, c’est un roman poétique sur les horreurs de la guerre et la fragilité des certitudes.
MATHIEU LARNAUDIE, Notre désir est sans remède (Actes Sud), 234 pages.
L’histoire de Frances Farmer, une star du cinéma des années 30, broyée par les productions hollywoodiennes, cette industrie pour laquelle n’existe que l’image et non l’individu. Un reflet, surtout celui d’une femme, ne pense ni ne désire, sinon on le détruit.
SIMON LIBERATI, Eva (Stock), 284 pages.
C’est le portrait de la compagne de l’auteur, Eva Ionesco, la fille d’Irina, la photographe, tout autant que celui de leur rencontre salvatrice, celle de deux êtres cabossés. Irina abusa d’Eva pendant toute son enfance en vampirisant son image. Elle dirigea la petite fille droit vers l’enfer. De la destruction à la rédemption : lumineux.
TONI MORRISON, Délivrances (Bourgois), 198 pages.
La grande romancière américaine, prix Nobel de littérature, revient avec un portrait saisissant de Lula Ann, alias Bride, née « trop noire » pour sa mère, mais qui va en faire une force. En partant à la recherche de son amant perdu, elle se découvrira elle-même. C’est aussi un livre sur des enfants maltraités, bafoués, violés qui hantent le récit.
ALEXANDRE SEURAT, La maladroite (Rouergue, La Brune), 126 pages.
Elle se disait maladroite quand on lui posait des questions sur les bleus qui parsemaient son corps. Maintenant, il est trop tard pour la sauver et il ne reste que les témoignages de ceux et celles qui l’ont côtoyée avant qu’elle ne se rélève plus de la violence de ses parents.
ZOË WICOMB, Octobre (Mercure de France), 304 pages.
Après dix ans de silence, la romancière sud-africaine raconte un mois de bouleversement pour Mercia, métisse vivant en Ecosse, qui retourne dans son pays natal transformé et renoue péniblement avec ses proches.
50-50Magazine
Librairie Violette and Co, 102 rue de Charonne, 75011 Paris.