Articles récents \ Médias Tout va bien pour Well Well Well
A l’occasion de la soirée de lancement du 2ème numéro de «Well Well Well», la revue faite par des filles pour les filles qui aiment les filles, nous avons rencontré Marie Kirschen, la rédactrice en chef.
Le Point Ephémère était le 6 Juin plein à craquer (964 «participant-e-s» inscrit-e-s sur l’évènement Facebook). Un moment idéal pour (re)découvrir ce Mook, un très bel objet de 128 pages rempli de photos de qualité et de sujets politiques et culturels, qui vient combler un manque criant de médias lesbiens.
D’où vient cette volonté de créer une revue lesbienne ?
Quand j’étais journaliste à Têtu, j’étais en charge du site qui s’adressait aux lesbiennes : Têtue.com. Quand le groupe a été racheté, le repreneur a décidé d’arrêter de développer Têtue. D’autres médias lesbiens se sont arrêtés plus ou moins en même temps : Lesbia Magazine ou encore Muse & Out (ex La Dixième Muse).
Je me suis dit «Il y a trois médias lesbiens qui s’arrêtent et il n’y a plus de média dédié aux femmes homos : il faut créer un média qui s’adresse aux lesbiennes.»
Pourquoi avoir choisi de faire un «Mook» ?
Quand je travaillais sur le site Têtue.com, on publiait tous les jours plusieurs papiers et il y avait quand même pas mal de choses à lire.
Mais moi j’avais envie d’un magazine format papier …
Donc j’ai eu cette idée de faire un Mook, entre le magazine et le livre, pour créer un bel objet avec du beau papier et des belles photos, que les lectrices et les lecteurs aient envie de garder et conserver, et même le lire 2 ans après s’ils le souhaitent…
Qui écrit pour Well Well Well ?
On est toutes bénévoles. C’est notamment pour ça que c’est un semestriel. On travaille toutes à côté donc on ne peut pas faire plus.
Quand j’ai voulu lancer ce magazine, j’en ai parlé autour de moi. Dans l’équipe, Il y a entre autres quelques filles anciennes pigistes de Têtue.
Il y a une dizaine de personnes qui forment le noyau dur de l’équipe, et après on a d’autres personnes qui participent et interviennent plus ponctuellement, comme des photographes qui vont faire des photos par ci par là.
En tout, ce sont quarante et une personnes qui ont participé à ce deuxième numéro.
Comment est-il financé ?
Pour le premier, on a fait du crowdfunding. On est passé par Ulule et notre objectif était de récolter 10 000 euros. En moins de 15 jours, on les avait atteints. Donc avant même la sortie, c’était évident qu’il y avait un vrai besoin, une vrai demande, d’un média lesbien. Ensuite, les ventes du premier ont permis de financer l’impression du deuxième. L’idée c’est de faire pareil pour les prochains numéros.
Un bilan du 1er numéro ?
Le 1er numéro a super bien marché, on ne s’y attendait pas, ça nous a surprises.
On a tiré le premier numéro à 3000 exemplaires, ce qui nous semblait quand même pas mal pour un média qui se crée, qui coûte 15 euros et dont l’achat n’est pas neutre…
Et en fait, en un mois, on avait quasiment tout vendu.
On ne l’a pas réédité car on n’avait pas les moyens, ça demande quand même du temps, de l’argent … Mais du coup on a été en rupture de stock et on aurait pu en vendre plus .
On a eu beaucoup de retours positifs parmi les lectrices et les lecteurs, car il y a aussi des garçons qui achètent, hétéros ou gays, ou des filles hétéros qui l’achètent et le lisent et nous disent qu’elles ont appris plein de choses et que c’est super intéressant.
On a aussi été très contentes car on a eu de l’écho dans la presse mainstream. On est ravies de voir que ça intéressait les gens au delà de la communauté lesbienne.
Le deuxième numéro, on l’a donc tiré à 5 000 exemplaires.
Pourquoi penses-tu qu’il y a autant de personnes différentes qui l’achètent ?
Il y a un vrai manque de presse lesbienne. On trouve quand même quelques magazines pour les garçons alors que pour les filles, il n’y a rien du tout.
Quand il y a quelque chose qui se crée, qui répond à une vraie demande, les gens viennent.
Et ensuite le côté papier, belles photos, bel objet, on a eu vraiment plein de retours là dessus, ça plaît beaucoup et je pense que c’est un réel atout.
Que trouve t-on dans ce deuxième numéro ?
Moi ce que j’ai proposé c’est de faire une grammaire non sexiste. Tout le monde a été hyper motivé tout de suite. La revue a donc été entièrement rédigée selon des règles de grammaire égalitaires.
L’idée de ce deuxième N°, est de mettre en avant des femmes artistes, des intellectuelles, des filles qui ont des choses à dire et qu’on n’entend pas assez. Ou alors des personnes qui sont connues comme Soko ou Marie Labory et refaire des interviews, leur donner la parole. Il y a aussi tout ce qui concerne l’histoire du mouvement lesbien et féministe. Il y a un papier par exemple sur une suffragette lesbienne. Ce qu’on voulait dire, c’est que cette histoire là, du mouvement lesbien et du mouvement féminisme, ça intéresse peu les médias mainstream.. Donc ça nous intéressait de travailler sur cette histoire, pour la transmettre et l’empêcher de disparaitre.
Louise Pinton 50-50 magazine
Le site de la revue Well Well Well
Well Well Well #2, 128 pages, 15€.
En vente en librairies et sur internet.