Articles récents \ France \ Société #TakeBackTheMetro: Osez le féminisme ! vient de lancer une campagne pour dénoncer les agressions sexuelles et sexistes dans le métro
Le métro est un espace où les femmes ne se sentent pas en sécurité. Trois quart des femmes avouent adapter leur tenue vestimentaire et leurs comportements, lorsqu’elles empruntent le métro, par peur d’être agressées.
Les femmes sont conditionnées dès leur plus jeune âge par des recommandations telles que: « Ne parle pas aux inconnus. », « Tu ne devrais pas sortir comme ça.», « Ne rentre pas seule la nuit. » Les femmes grandissent et se construisent en intégrant que la ville est un milieu exclusivement masculin, rude et dangereux.
Yves Raibaud, chercheur en géographie au CNRS de Bordeaux, spécialiste du genre dans les espaces publics constate que la ville est effectivement un endroit majoritairement construit et organisé pour les hommes.
On se souvient de ce documentaire édifiant de la Belge Sofie Peeters, Femme de la rue, réalisé en caméra cachée en 2012 et qui dénonçait le harcèlement de rue.
Une enquête réalisée au mois de juillet 2014 par OLF démontre que 97 % des 150 femmes interrogées avaient été victimes d’insultes, de remarques et d’attouchements dans le métro.
Une étude Reuters de début novembre révèle que 8 femmes sur 10 sont persuadées que personne ne viendrait à leur secours si elles étaient agressées dans le métro à Paris.
Face à ces chiffres alarmants, Osez le féminisme! dit stop.
Se réapproprier le métro
L’association lance une nouvelle campagne Takebackthemetro pour inciter les femmes à se réapproprier le métro. OLF veut sensibiliser à la fois le public et les compagnies de transport.
En cas d’agression, la plupart du temps, les gens ne réagissent pas. En avril dernier, dans le métro lillois, une jeune femme avait été agressée sexuellement pendant une trentaine de minutes, par un homme ivre de 19 ans. Personne n’était intervenu.
Takebackthemetro veut dénoncer cette indifférence et le silence des voyageurs et voyageuses face aux agressions sexuelles. Il est indispensable pour la sécurité de tou-te-s que les témoins, face à de tels agissements, dépassent cet état de sidération. Appeler les secours, tirer le signal d’alarme ou se regrouper pour intervenir, pour faire peur à l’agresseur et l’empêcher de nuire: il s’agit d’actes de solidarité.
Une idée simple: demander l’heure à un homme qui harcèle une femme suffit à le déstabiliser.
Cette campagne a pour but aussi d’envoyer un message aux compagnies de transport afin qu’elle mènent des actions de sensibilisation. Aucune campagne n’a jamais été menée contre les violences sexistes qui touchent pourtant une grande partie de leurs usagères. Une pétition est envoyée aux différents services de transports publics dans les villes de Lille, Paris, Lyon, Toulouse ou encore Marseille.
OLF désire mettre en place des plans de prévention et de lutte contre les violences sexuelles. L’association Mémoire Traumatique et Victimologie avait déjà soumis un programme à la RATP, lequel n’est toujours pas mis en place. OLF souhaite également l’organisation de formation en direction des agent-e-s.
Teufs de meuf
Des actions festives sont organisées dans les rames. A l’image de celles des années 70 aux Etats-Unis, des marches nocturnes composées uniquement de femmes visant à affirmer leur droit à investir es espaces publics sans crainte de d’agressions. Coiffées de perruques roses, les femmes se rassemblent pour des « Teufs de meuf » dans le métro. Elles font un bout de chemin ensemble dans le métro et se réunissent pour des happenings, des mobilisations courtes, musicales et festives.
Dans les rames, de petits visuels de Serge le lapin détournés de manière humoristique sont distribués.
OLF note qu’il y a encore des voyageurs qui sont dans le déni total du problème mais que l’opinion publique évolue et qu’il y a un début de prise de conscience collective.
D’autres marches exploratoires ont déjà eu lieu en Colombie par exemple: https://www.50-50magazine.fr/2014/07/16/marches-exploratoires-pour-la-securite-des-femmes-dans-lespace-public-lamerique-latine-nous-inspire/.
Marie Faupin, étudiante en journalisme à l’IEJ
Court-métrage: Je suis à l’heure d’Isabelle Quintard et Fabien Motte présenté au 5 éme Nikon Film Festival http://www.festivalnikon.fr/video/2014/139