Culture Mary Cassatt : une impressionniste américaine méconnue
Le nom de Mary Cassatt vous semble peut-être inconnu, pourtant cette femme est l’une des seules – avec Berthe Morisot – à avoir contribué au mouvement des impressionnistes. Deux bonnes raisons de vous rendre au Mona Bismarck American Center pour découvrir une partie de l’œuvre de cette artiste.
Au détour d’une exposition consacrée à la période des impressionnistes, vous avez déjà sans doute observé des toiles de Mary Cassatt, sans vous en souvenir. Votre regard s’est certainement posé sur les chefs d’œuvre de ces grands messieurs, Manet ou Renoir, essentiellement parce que leur nom vous est familier. Pourtant, les toiles de Mary Cassatt sont aussi remarquables que celles de ses homologues masculins.
Regards sur une Américaine à Paris
Mary Cassatt est une Américaine, née en 1844 à Pittsburg en Pennsylvanie. Elle passe son enfance en Allemagne puis en France. Après des études à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, elle s’inscrit à l’atelier Charles Chaplin, puis dans celui de Jean-Léon Gérôme. Ses premières œuvres sont exposées au Salon de Paris en 1868.
Sa rencontre en 1877 avec Edgar Degas est déterminante puisque c’est à ce moment-là qu’elle rejoint le groupe des impressionnistes.
Au Salon des Impressionnistes de 1880, Cassatt présente huit toiles et pastels ainsi que huit eaux-fortes. Le marchand Durand-Ruel commence à lui acheter des toiles, puis finira par acquérir la majeure partie de son œuvre.
Le Mona Bismarck American Center propose de découvrir les dessins et gravures de Mary Cassatt à travers un parcours en trois thématiques : la présentation de l’artiste, l’influence japonaise et les contre-épreuves au pastel.
Couleurs douces, portraits de femmes et d’enfants, Cassatt cherche à représenter les femmes dans leur quotidien : au théâtre, autour du thé ou dans les activités de la vie quotidienne. Une réalité qui correspond aussi au milieu aisé dans lequel elle a évolué, mais sans jamais idéaliser les femmes. Elle touche le spectateur par la vérité qui émane de la toile, par la touche et la palette de couleurs qui rehaussent un peu plus les portraits. Il n’est pas rare de voir les femmes en mouvement, souriantes au contraire des portraits peints par des hommes où les modèles semblent davantage poser.
Etre une femme artiste
Cette exposition témoigne aussi de la difficulté d’être une femme artiste expatriée en France à la fin du XIXe siècle. On les tolère en tant qu’aquarellistes ou amatrices mais bien moins en tant que peintres ou graveuses. La jeune femme persévérera et parviendra à s’inscrire dans un mouvement impressionniste résolument masculin.
Mary Cassatt ne se mariera jamais et n’aura pas d’enfants. Un choix qui correspond certainement à une vie vouée à l’indépendance, en dehors des codes traditionnels de la société. À l’image de Georges Sand qui s’illustra dans la lutte pour la reconnaissance des droits des femmes, Mary Cassatt a dès 1915 et jusqu’à sa mort, en 1926, participé à la campagne en faveur du droit de vote des femmes aux Etats-Unis.
- Rencontre avec Eddie McDonnell,
- directeur du Mona Bismarck American Center
- Avoir choisi une femme pour votre première exposition est-ce important ?
- Nous avons délibérément choisi Mary Cassatt pour notre première exposition au Mona Bismarck American Center pour plusieurs raisons.
- Tout d’abord parce que ses œuvres, plus précisément ses gravures, sont d’un point de vue technique extrêmement novatrices et d’une finesse incomparable.
- En tant que femme étrangère et de surcroît à une époque qui ne laisse que très peu de place aux femmes artistes, il est d’autant plus exceptionnel qu’elle ait réussi à intégrer le petit groupe des impressionnistes.
- En 1880, Degas écrira dans une lettre à Pissarro : « elle a tellement de talent… Il n’est pas permis à une femme de peindre comme cela ».
- Est-ce une manière de vous démarquer car très peu de musées consacrent des expositions uniquement à l’œuvre d’une femme ?
- Nous considérons que notre fondatrice, Mona Bismarck, une femme forte et moderne, aurait apprécié notre politique qui consiste à mettre en valeur les œuvres d’une artiste telle que Mary Cassatt.
- Est-ce une manière de montrer que l’art américain laisse plus de place aux artistes femmes ?
- D’une manière générale, les femmes sont sous représentées dans les musées aussi bien en France qu’aux Etats-Unis.
- Nous avons à ce titre, organisé au mois de mai dernier, une conférence sur le sujet. Notre invitée, Susan Fisher Sterling PhD, Directrice du National Museum of Women in the Arts de Washington nous a informés que 52% des artistes étaient des femmes mais que seulement 2% d’entre elles étaient représentées dans les musées. Le fait qu’il existe un musée dédié à la promotion des femmes artistes, démontre une prise de conscience et une volonté d’équilibrer la situation.
- En quoi l’ impressionnisme de Mary Cassatt est-il spécifiquement américain ?
- Mary Cassatt faisait partie du groupe impressionniste français. Bien qu’Américaine elle a passé toute sa vie d’artiste en France.
- Aujourd’hui, beaucoup de musées et de galeries américaines réclament Mary Cassatt comme artiste impressionniste américaine, mais ce n’est pas le cas. Bien que d’origine Américaine, elle a cependant fait partie du mouvement des impressionnistes français.
- Il y a bien un mouvement nommé Impressionnisme américain, inspiré par l’impressionnisme français, mais il a vu le jour quelques années plus tard, aux Etats-Unis, vers 1890-1910. Parmi les artistes nous pouvons citer : Childe Hassam, Frank Weston Benton et William Merritt Chase, Theodore Robinson.
- Les questions de parité ou d’égalité sont-elles présentes au sein du Mona Bismarck American Center ?
- Tout à fait. Nous essayons de maintenir une parité dans notre composition et nos actions. Par exemple, nous avons une parité exacte dans notre personnel (50% femmes, 50% hommes) et nous essayons d’offrir une programmation aussi équilibrée. Tout cela sous la présidence d’une femme, Caroline Porter.
M C – EGALITE
Informations pratiques
« Mary Cassatt : dessins et gravures de la collection Ambroise Vollard » à voir jusqu’au 20 janvier 2013.
Au Mona Bismarck American Center – 34, avenue de New York 75016 Paris
Métro : Alma Marceau, Iéna
Du mercredi au dimanche de 11h à 18h.