Brèves La Ministre de la Justice Colombienne demande pardon à Alba Lucia
Il y a plus de 15 ans, une adolescente avait accouché dramatiquement dans une petite ferme de la zone rurale d’Abejorral, petit village colombien. Violée lors d’un déplacement au marché, désemparée, elle était restée silencieuse et ne savait pas qu’elle était enceinte, sa mère ne lui ayant jamais parlé « des choses de la vie ». Terrorisée par les contractions, elle avait accouché toute seule dans les toilettes. Le bébé était mort, le cordon ombilical enroulé autour du cou. Aussitôt le médecin du village et les autorités locales l’avaient accusée d’infanticide par étranglement et fait emprisonner. Son procès secoua le pays et le mouvement des femmes s’organisa autour de sa défense. Rien n’y fit, elle fut vilipendée et condamnée en 1997 à 42 ans et 10 mois de prison, la peine maximale en Colombie… alors que, dans la même période, l’impunité des paramilitaires, auteurs de massacres épouvantables reconnus et documentés, était totale.
Après des années de lutte du Réseau pour les Droits sexuels et reproductifs de Colombie (et de son infatigable avocate Ximena Castilla), après des dizaines de manifestations et de démarches juridiques, qui réussirent à la sortir de prison, la Cour Inter-américaine des Droits Humains condamna l’Etat Colombien.
Aujourd’hui, la ministre de la justice, reconnait l’injustice et les discriminations de genre et sociales dont Alba Lucia a été victime, et lui demande officiellement pardon. Cela n’efface pas les années de prison, l’opprobre, le viol, la destruction de sa vie. Mais la réparation peut commencer, et cette victoire du mouvement des femmes ouvre de nouvelles perspectives vers un peu plus de respect des droits des femmes.