Chroniques Pas de trêve estivale pour la panthère !
En hiver, il y a la trêve des confiseurs. Puis vient l’été, et la trêve estivale…
A croire qu’entre ces deux trêves, nous sommes en guerre.
Quoique… Nous féministes, nous avons jour après jour de multiples occasions de lever nos boucliers, de prendre les armes et de mener un combat permanent, sans baisser la garde.
Un combat non pas contre les rides, la cellulite et les bobos de l’amour, comme nous y engagent les magazines féminins. Ni même contre le temps qui passe et ne se rattrape plus. Mais un combat contre le sexisme ambiant. Celui que l’on nous impose au quotidien, sans tambour ni trompette, auquel il est si facile de ne pas prendre garde… notamment pendant la trêve estivale !
Un mot, un geste, une décision, et nous voilà enfermées une fois de plus dans un rôle réducteur.
Tout cela ne fait, malgré la canicule et l’ambiance somnolente du pays, qu’accentuer ma grogne combative.
La presse par exemple n’y va pas avec le dos de la cuillère : la belle saison semble se confondre avec saison des amours … sexistes ! Le magazine Elle a publié une sorte de thèse sur la pipe, pour qui, pour quoi, comment : les femmes, par leur talent de tailleuses de pipes, seraient les régulatrices sexo-relationnelles du couple, et les moins douées, les allergiques à la pipe, souffriraient, quant à elles, tout bêtement d’immaturité psycho-affective.
Tu ne suces pas parce que tu es psychologiquement infantile, dont acte ! L’Express complète d’ailleurs le tableau sexuel clinique – c’est décidément la saison des amours ! – en expliquant que la levrette, qui implique la soumission, est pratiquée par les femmes de niveau socio-économique faible. Dis-moi comment tu baises, je te dirai combien tu gagnes !
On pourrait ainsi continuer à l’infini le bêtisier des propos sexistes et machistes, des commentaires sur la robe à fleurs de Cécile Duflot aux questions imbéciles et insultantes posées à la ministre Fleur Pellerin.
T’as une belle robe, tu sais ! Et toi, dis-moi, c’est qu’t’as un beau petit minois ! T’es ministre ? Et alors ?
Pendant ce temps, on en est à devoir voter une loi sur le harcèlement sexuel. Merci au législateur : il était temps de taxer de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende les harceleurs de tous poils. C’est déjà ça !
Pendant ce temps aussi, on doit distribuer à Paris des téléphones d’urgence à des femmes victimes de violences qui risquent leur vie juste à avoir eu un compagnon violent…
Et on voudrait une trêve estivale ?
Repos, d’accord ! Mais alors, repos de la guerrière : l’œil vif et toujours prête, à réagir et à agir…
Danielle Michel-Chich