Environnement : les enjeux des inégalités de genre Suède : les lunettes de genre d’Initiative féministe même pour les transports
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Métro, Stockholm © Guillaume Lemoine – Flickr
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S’il existe des formations politiques sympathisantes féministes, Initiative féministe est le premier parti politique du monde à consacrer entièrement son programme aux questions féministes, et à appliquer l’analyse de genre à tous les domaines de la vie (énergie, transports, sécurité, économie, famille, etc.).
Le féminisme est alors décrit comme un « outil », une « méthode d’analyse » pour atteindre l’égalité. Le parti défend par exemple l’individualisation des congés parentaux, pour permettre à chaque parent de construire une relation avec ses enfants ; la journée de six heures, pour encourager le rééquilibrage entre temps professionnel et temps personnel (avec des conséquences sur le partage des tâches ménagères et du soin aux enfants) ; la redéfinition de la notion de « sécurité » pour y intégrer le droit à l’intégrité physique, axé sur les problèmes encore trop présents des viols et de la violence conjugale. Un autre exemple concret d’une politique féministe : la question des transports.
Une nouvelle analyse de la politique des transports
La problématique contemporaine de l’écologie devrait nous imposer, selon Initiative féministe, une analyse de la politique des transports, producteurs de gaz à effet de serre, avec une perspective de genre.
Il s’agit tout d’abord de s’interroger sur les pratiques actuelles. Des études montrent que dans un couple hétérosexuel qui a une voiture et dans lequel les deux partenaires doivent aller travailler, ce n’est pas celui qui a le plus long trajet qui prend la voiture, mais l’homme, tandis que la femme prend plus souvent les transports en commun. S’il y a deux voitures, c’est l’homme qui utilise la plus neuve, et la femme la plus ancienne, « la voiture de maman », pour faire des petits trajets.
La nature même des trajets peut être observée avec des lunettes de genre : les hommes font souvent des trajets pendulaires (de la maison au travail, du travail à la maison), « tandis que les femmes emmènent les enfants à l’école, vont travailler, rendent parfois visite à grand-mère à la maison de retraite, font quelques courses, vont chercher les enfants… des trajets dans tous les sens. Pourtant, les transports en commun sont organisés de façon pendulaire, de la périphérie vers le centre, tout comme les infrastructures routières se développent sur l’idée que tout le monde ne fait qu’aller au travail et en revenir… », explique Gudrun Schyman (*), co-fondatrice d’Initiative féministe. Enfin, les femmes utilisent plus souvent que les hommes les transports en commun, tout comme les personnes âgées, les jeunes et les immigré-e-s.
En conclusion, si l’on investit sur les routes, on rend les trajets des hommes plus efficaces, tandis que si l’on investit sur les transports en commun, on soutient les trajets des femmes. Certains pourraient vouloir aider les femmes à avoir une voiture, mais ça ne serait pas écologique. Initiative féministe préconise l’amélioration des transports collectifs au point que même les hommes aient envie de les utiliser. Le point de départ de la politique des transports du parti féministe est donc l’expérience des femmes, mais la visée écologique concerne tout le monde. L’objectif de cette politique est de favoriser les transports publics plutôt que les voitures individuelles, et de décentrer les trajets de manière à prendre en compte les besoins des usager-ère-s, ce qui profiterait à la collectivité en termes d’infrastructures et de qualité de l’air.
Elise Devieilhe, collaboratrice Suède – EGALITE
(*) Gudrun Schyman, née en 1948, politicienne, ancienne dirigeante du parti communiste (Vänsterpartiet, le « parti de gauche » entre 1993 et 2003), députée au parlement entre 1988 et 2006. Diplômée de l’Ecole supérieure des sciences sociales. Cofondatrice d’Initiative féministe, à la direction depuis avril 2005, porte-parole entre 2005 et 2011, principale candidate du parti aux élections législatives de 2006 et 2010. Actuellement conseillère municipale dans la commune de Simrishamn, en Scanie (sud de la Suède).
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