Non classé Une femme forte à la tête du Malawi
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Joyce Banda, présidente du Malawi (capture d’une vidéo).
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Article publié dans le numéro 131 (mai-juin 2012) de Clara Magazine.
Le 7 avril 2012, son prédécesseur venant de décéder, Joyce Banda devient la première femme présidente du Malawi, après avoir été la première femme à occuper le poste de vice-présidente dans son pays. En moins d’une semaine au pouvoir, la nouvelle présidente du Malawi a renvoyé le chef de la police, le ministre de l’Information et ouvert une enquête sur la mort suspecte d’un opposant à son prédécesseur en 2011. Femme énergique, militante pour les droits des femmes, elle n’a pas fini de surprendre le Malawi, endormi dans ses convictions patriarcales.
La présidente vendeuse de beignets
Alors qu’elle n’était encore que vice-présidente, elle n’avait pas hésité à s’opposer au président Mutharika en critiquant ses dérives autoritaires. Expulsée du parti présidentiel, le Democratic Progressive Party (DPP), elle avait alors fondé son propre parti tout en restant vice-présidente.
Refusant de se voir évincée par le propre frère du président au prétexte que le pays n’était « pas prêt » à voir une femme à la tête de l’Etat en cas de disparition du président en exercice, elle avait vertement répliqué à la première dame du pays qui l’avait comparée à une vendeuse de beignets. « Oui, je suis une vendeuse de beignets, et fière de l’être, parce que la majorité des femmes au Malawi sont comme moi, des vendeuses de beignets ! »
Pour une réelle autonomie financière des femmes
Dès 1989, elle fonde l’Association des femmes cheffes d’entreprise pour aider les femmes à sortir de la pauvreté et acquérir leur autonomie financière. « Les femmes ne vont pas à l’école parce que leurs parents préfèrent y envoyer leurs frères, elles ne peuvent pas obtenir de prêt en leur nom parce que les banques exigent l’approbation d’un homme de la famille, elles ne peuvent pas prendre de décisions parce qu’elles ne rapportent pas d’argent à la maison », avait-elle déclaré à l’agence Associated Press, au mois de février dernier.
Pour avoir vu de près la pauvreté des femmes dans les zones rurales, elle mesure l’impact dévastateur et déshumanisant de la pauvreté.
Elle s’oppose aux violences faites aux femmes
Elle sait aussi ce qu’un mariage contre la volonté de l‘épouse crée de violences au sein d’un couple. « On apprend aux femmes africaines à supporter un mariage forcé et on leur dit que l’accepter fera d’elles de bonnes épouses. Mais si les femmes acceptent d’être maltraitées c’est parce qu’elles ne peuvent pas faire autrement faute de ressources financières, elles dépendent complètement de leur mari », déclare-t-elle.
Au début de l’année, elle participe à une manifestation pour protester contre les attaques dont sont victimes les femmes qui osent porter des minijupes et sont accusées de mœurs dépravées.
Femmes africaines porteuses d’espoir
Joyce Banda arrive au pouvoir alors que son pays traverse une crise grave. Son prédécesseur avait réussi à irriter les bailleurs internationaux, FMI et Banque mondiale et l’ancien colonisateur, la Grande-Bretagne, au point que ceux-ci ont suspendu toute nouvelle aide au pays.
Elle va devoir plaider la cause du Malawi pour rétablir les relations et obtenir les aides indispensables dont ce pays pauvre et essentiellement rural a besoin. Avec Ellen Johnson-Sirleaf, présidente du Libéria, l’Afrique a choisi de mettre des femmes fortes et déterminées à la tête de deux Etats africains.
Ces militantes pour les droits des femmes savent ce que veut dire être femme dans une société patriarcale. Leurs discours ne sont pas seulement politiques, ils reflètent la vraie vie de la grande majorité des femmes africaines.
Jacqueline Dérens – Clara Magazine
Source : Business Day
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