Culture La justice versant féminin

Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris, ancien membre dru conseil de l'ordre des avocats du barreau de Paris, coprésidente de la fondation Copernic et conseillère régionale Europe Ecologie-Les Verts. © Diane Rondot

Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris, ancien membre dru conseil de l'ordre des avocats du barreau de Paris, coprésidente de la fondation Copernic et conseillère régionale Europe Ecologie-Les Verts. © Diane Rondot

Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris, ancien membre du conseil de l’ordre des avocats du barreau de Paris, coprésidente de la fondation Copernic et conseillère régionale Europe Ecologie-Les Verts. © Diane Rondot

C’est en assistant à une assermentation au Palais de justice de Paris que la photographe française Diane Rondot découvre un monde qu’elle qualifie de « majestueux, imposant et impressionnant ». Elle choisit alors de tirer le portrait d’une centaine de femmes appartenant au monde de la justice française. Avocates, procureures, conseillères à la cour de cassation, juges, directrices de maison d’arrêt, lieutenantes de police… Autant de professionnelles qui témoignent de leur passion pour leur métier.

Devant la prestance et l’autorité de ces femmes que leur confère leur tenue ou leur uniforme, Diane Rondot commence à photographier ses modèles en contre-plongée pour accentuer leur majesté. Mais elle abandonne rapidement cet angle pour casser l’image imposante qu’elle s’était faite d’elles et les montrer dans leur simplicité, parfois dans un sourire ou un éclat de rire.

« Sous robe, point de sexe » ?

La justice se féminise de plus en plus mais, en dépit de l’adage « sous robe, point de sexe », les disparités persistent. Il aura fallu attendre 1998 pour que Dominique de la Garanderie soit élue première femme bâtonnier de Paris. Simone Rozès, qui préface l’ouvrage, fut la première femme nommée présidente de la Cour de cassation, en 1984.

Selon un rapport de l’observatoire du Conseil national des barreaux (CNB) de 2009, les femmes représentent 50,5 % de l’effectif. Dans certains barreaux, il y a plus de 60 % de femmes, dans les écoles de formation au barreau 7 avocats sur 10 sont des femmes, et au Conseil de l’Ordre à Paris il y a 40 % de femmes.

Néanmoins, d’après une étude publiée en novembre 2009 par Avocat profession magazine, 70 % des femmes éprouvent des difficultés dans l’exercice de leur profession et 50% d’entre elles estiment que ces difficultés sont liées à leur sexe. Elles sont confrontées à des difficultés lors de leur grossesse, 25 % n’ont pas pris de congé maternité et 7 % ont été licenciées après leur congé. Pour accéder à une meilleure qualité de vie, certaines quittent la profession pour devenir salariée ou exercer une autre activité.

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Aucune des femmes photographiées ne dit avoir subi des pressions ou rencontrer des obstacles. En revanche, dans la préface du livre, Dominique de la Garanderie et Christiane Féral Schuhl, les deux seules femmes à avoir été élues bâtonnières du barreau de Paris, expliquent que le plafond de verre n’a toujours pas été brisé.

Pour elles, il existe toujours de nombreuses disparités entre les hommes et les femmes dans l’évolution des rémunérations et des carrières. Dans les hautes sphères, les fonctions de président de cour d’appel, procureur, associé dans les cabinets d’avocats notamment sont très majoritairement réservées aux hommes.

Par ailleurs, les femmes sont plus présentes en droit social, droit de la famille… Les domaines les plus rémunérateurs comme le droit des affaires et les fusions acquisitions, le droit de l’expertise et de l’informatique sont largement occupés par les hommes.

Ces inégalités n’empêchent pas ces femmes de mener leur carrière avec succès et passion. Parmi la centaine de femme photographiées, Elisabeth Guigou, députée de la neuvième circonscription de la Seine-Saint-Denis, première femme garde des Sceaux, de juin 1997 à octobre 2000, a posé pour l’objectif de Diane Rondot. Elle rappelle que « sous des dehors très techniques, le ministère de la Justice traite d’affaires humaines ».

Il y aussi Karine Pachon, jeune mère de famille et greffière à la cour d’appel de Paris, qui vit entre Paris la semaine et Bayonne le week-end, qui fait partager son engagement : « Ma seule motivation, je la trouve dans le sens du service public. » Elle se bat pour que le système ne s’effondre pas, dit-elle, au prix de beaucoup de travail et d’investissement personnel…

Virgine Baldeschi – EGALITE

Femmes et justice, Diane Rondot, éditions LexisNexis, mars 2012.

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