Santé Mieux adapter sa contraception : oui, mais à quel coût ?
—
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé et l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) ont lancé officiellement hier la campagne « Contraception : Les Françaises utilisent-elles un contraceptif adapté à leur mode de vie ? ».
Cette campagne, qui s’accompagnera notamment d’un spot télévisé et de la mise à jour du site internet choisirsacontraception.fr, s’adresse particulièrement aux femmes de 20 à 35 ans sous contraceptif oral.
En effet, les deux tiers des grossesses non prévues interviennent alors que les femmes utilisent un contraceptif. Or, la pilule, est le moyen de contraception le plus répandu à 60 %, devant le stérilet (23%) et les préservatifs (10%). Et en 2005, près de 21% des grossesses non prévues étaient observées chez des femmes qui étaient sous pilule.
Un rapport de 2010 de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) sur la contraception et l’IVG, concernant l’évaluation de la loi de 2001, révélait notamment que la France se caractérisait par un modèle de contraception fortement médicalisé où la pilule tient une place prédominante et une certaine inadéquation des méthodes et pratiques contraceptives.
Le gouvernement entend inciter les femmes à choisir une alternative à la pilule en cas d’oublis fréquents et d’adapter leur contraception à leur situation personnelle.
Une campagne sur le même thème en 2007
Des associations dénoncent depuis longtemps le « tout pilule » et demandent le remboursement de tous les contraceptifs. A l’instar du Planning familial, qui lançait déjà en mai 2010 une campagne « Ensemble pour le remboursement de toutes les contraceptions ».
« Bien qu’une dizaine de méthodes contraceptives soient disponibles en France en 2010, un certain nombre ne sont pas remboursées : certaines pilules, les patchs, les anneaux vaginaux, la cape cervicale, les spermicides, les préservatifs. Quant au diaphragme, il est très peu remboursé », réagissait Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial, à la campagne « La meilleure contraception c’est celle que l’on choisit », également lancée par l’INPES, en 2007. Avec les résultats que l’on sait, puisqu’une nouvelle campagne sur le même thème est nécessaire en 2011…
Plus récemment, deux mutuelles, la LMDE et la MGEN, inquiètes du recul de l’accès à l’IVG et la contraception, lançaient un appel dans le même sens aux pouvoirs publics.
L’enquête Opinion Way réalisée à la demande des deux mutuelles révélait que 33% des femmes concernées interrogées donnaient en deuxième critère de choix de leur contraceptif son remboursement.
Lors de la présentation de la campagne hier après-midi, Nora Berra, secrétaire d’Etat à la Santé, a déclaré : « En vue de réduire les problèmes d’accès liés aux coûts, nous avons également demandé à ce que le prix des pilules de 2e génération minidosées soit abaissé. » Rien sur la prise en charge par la sécurité sociale des autres moyens de contraception ni des pilules de 3e et 4e générations toujours non remboursées, et pas d’encouragements financiers à diversifier sa contraception.
Les médecins prescrivent trop systématiquement la pilule
Selon le rapport de l’Igas cité précédemment, les médecins prescrivent trop systématiquement la pilule, souvent par manque de formation suffisante pendant leurs études.
La campagne de l’INPES tente de répondre au problème par la diffusion d’un document destiné aux professionnels de santé – médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes, facultés de médecine, hôpitaux… – comprenant des chiffres clés sur la contraception, des repères pour la consultation, des ressources, tout cela sur une page…
Une formation efficace de l’ensemble des acteurs de santé et un effort des pouvoirs publics en matière de remboursement des contraceptifs ne seraient-ils pas plus bénéfiques qu’une campagne tous les quatre ans en direction des femmes ? Femmes qui n’ont visiblement pas, pour la plupart, de véritable choix en matière de contraception.
Catherine Capdeville – EGALITE