Monde En Suisse, du violet et du fuchsia pour l’égalité des droits
Dress code : porter du violet ou du fuchsia. Slogan : « Femmes en mouvement. L’égalité absolument ! ». Nombre de participant-e-s : des dizaines de milliers. Lieux : les rues de Genève et de la Suisse toute entière.
Apéro géant ? Soirée féministe ? Eh bien non, il s’agit du grand rassemblement du 14 juin dernier « pour l’égalité hommes/femmes dans les faits ».
Sous ses airs d’opération commando rose, le Collectif du 14 juin composé d’associations et de syndicats (*) a organisé une journée entière consacrée à la revendication de l’égalité des sexes. Au programme : piques-niques, manifestation, débrayages, pauses prolongées…
2011 sera l’année des femmes ou ne sera pas
Le 14 juin est une date historique en Suisse. En 1981, un article instituant l’égalité hommes/femmes entrait dans la constitution fédérale. Dix ans plus tard, les Suissesses organisaient une grande grève pour protester contre la non-application du texte de loi. Originalité du mouvement : les femmes suisses étaient vêtues de violet ou de fuchsia pour montrer leur mécontentement. Elles ont été un demi-million (soit 1 femme sur 4) à participer à la grève.
La symbolique ne s’arrête pas là. En 2011, la Suisse fête les 40 ans du droit de vote des femmes dans une majorité de cantons et le 8 mars, le monde entier célébrait le centenaire de la Journée internationale des droits des femmes. Une bonne occasion pour rappeler que la parité est institutionnelle, mais pas effective dans la vie quotidienne.
Le Collectif du 14 juin a également produit un manifeste de ses revendications. Les organisateur-trice-s souhaitent que l’égalité femmes/hommes soit effective dans les représentations médiatiques, dans l’éducation et la formation, au travail, dans l’économie domestique (les emplois d’assistantes maternelles et de ménage concentrent une population féminine, étrangère et sous-payée), une meilleure articulation des temps sociaux, une répartition plus juste des tâches domestiques et éducatives, une prise en charge complète des contraceptifs et des IVG, la fin des violences psychologiques et physiques envers les femmes.
Dans la foule avec une vieille dame indigne
Comme en témoigne Françoise Bloch, retraitée et membre du groupe Les Vieilles Dames indignes… et indignées : « Nous étions en fuchsia et en voilette mauve, revue avec créativité par chacune d’entre nous. Différentes formes de grèves ou de débrayages ont eu lieu. Ce fut une journée magnifique où les femmes du Sud étaient nombreuses, courageuses et déterminées ; où ont eu lieu différents piques-niques de débrayage devant des entreprises, des magasins, à l’hôpital, à l’université ; où les personnels administratifs et techniques, ainsi que les étudiantes étaient appelés à se rassembler. »
Elle ajoute : « Pour moi l’événement le plus marquant de la journée fut celui qui s’est tenu à 7 h 30 dans la zone piétonne devant la gare où toutes les déléguées du secteur de l’économie domestique du Sud ont pris la parole. Un moment fort et très émouvant.»
Et à la nuit tombée, un immense jet d’eau fuchsia a surpris tout Genève. Pour la vieille dame indigne, « l’approche de la ville était différente de celle qui prévaut d’habitude, mais ne nous laissons pas leurrer… »
Louise Gamichon – EGALITE
(*) Association du personnel de l administration générale de la Confédération (APC), Centre de, Contact Suisses-Immigrés (CCSI), Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), Collectif 14 juin pour la grève nationale des femmes de 1991, Comité unitaire genevois pour un salaire minimum, Espace Femmes International, Femmes en Noir, Femmes pour la parité, Gauche anticapitaliste, Jeunesse socialiste, Jeunes verts, l’émilie, Les Verts genevois, Marche Mondiale des Femmes (MMF), Parti Socialiste genevois, Parti du travail, SEV, SIT, solidaritéS, Solidarité Femmes, SSP, SYNA, Syndicat suisse des mass média (SSM), Unia, Viol-Secours, Voie F