Non classé La représentation féminine en hausse au Parlement en Ouganda
Article publié le 13 juin sous le titre La Représentation féminine en hausse au Parlement.
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Les membres du 9e parlement ougandais ont prêté serment en mai 2011, avec une représentation féminine jamais obtenue jusqu’ici. Les femmes parlementaires ougandaises occupent désormais 35 % des 375 sièges, contre 30 % tout récemment encore.
Cette augmentation de la représentation féminine en Ouganda est arrivée à un moment où l’Afrique du Sud va vraisemblablement enregistrer une baisse dans la représentation féminine au niveau de ses collectivités locales. D’autres pays de l’Afrique australe ont aussi récemment enregistré un recul incitant plusieurs activistes à réclamer des quotas pour protéger les droits des femmes.
Ce bond en Ouganda est grandement dû à l’augmentation du nombre de districts, une décision controversée. Les observateurs les plus critiques avancent que cette création de nouveaux districts par le Mouvement national de résistance (MNR), le parti au pouvoir, soit plus de 60 durant la dernière décennie, favorise un système de patronage et entraîne des coûts inutilement élevés pour la gestion des affaires du pays.
Indépendamment des désavantages potentiels, l’ancienne parlementaire Jane Alisemera, présidente sortante de la Uganda Women’s Parliamentary Association (UWOPA), estime que ce système est bénéfique aux femmes : « Il fonctionne et nous, les femmes parlementaires, faisons avancer les choses. »
Les femmes parlementaires directement élues ont la garantie d’obtenir un poste dans les districts d’Ouganda mais en sus de cela, elles peuvent aussi représenter les circonscriptions. Sans le facteur district, le nombre de femmes en politique aurait été nettement inférieur en raison des tendances patriarcales et des inégalités économiques encore très présentes.
Dans la Tanzanie voisine – qui réserve 30 % des sièges parlementaires aux femmes et les autorise aussi à briguer d’autres sièges –, la représentation des femmes est passé de 30,3 % en 2005 à 35 % lors des dernières élections de 2010.
Cependant, le nombre de femmes parlementaires a chuté de 31 à 22 % en Namibie après les élections de 2009 ; et le Botswana est le pire élève de la région en termes de représentativité des femmes au Parlement, tombant à 6,5 % en 2009, contre 18 % cinq ans plus tôt. Aucun de ces deux pays ne fait appel au système de quotas pour s’assurer de l’élection des femmes.
L’Afrique du Sud est le pays qui se rapproche le plus des dispositions du protocole de la SADC (Southern African Development Community – Communauté de développement d’Afrique australe) sur le genre et le développement qui demande à ce qu’il y ait une représentation équitable de 50 % de femmes et 50 % d’hommes dans les instances de décision d’ici à 2015, avec 45 % de femmes parlementaires. Cependant, elles sont toujours à la traîne au sein des collectivités locales avec seulement 37 % de candidates sur les 53 000 candidats enregistrés.
Face à ces reculs dans plusieurs autres parties de l’Afrique, les activistes du genre en Ouganda exultent. D’autres sont plus prudents, soucieux du fait que si ces augmentations de la participation féminine dans toutes les instances de décision ne sont pas protégées, la même situation risque de s’appliquer dans leur pays.
Au début du mois de mai, le chef de la commission électorale, Pansy Tlakula, a fait un appel pour l’imposition d’un système de quotas afin d’améliorer la représentativité féminine aussi bien dans le secteur public que privé.
En dépit des pas positifs en Ouganda, l’efficacité de la discrimination positive est encore discutée. Certains pensent qu’accorder des sièges réservés aux femmes au niveau des districts rehausse leur image et leurs responsabilités mais ne leur fournit pas le financement correspondant.
Le Tanzania Gender Networking Programme déclare que les quotas doivent être remplis avec la même volonté politique, le même soutien financier pour les femmes que pour les ailes féminines indépendantes ou les comités de femmes. Les succès de l’UWOPA le confirment. Sa structure initiale positionnait les femmes avec les ressources et les contacts de réseaux, qui ont à leur tour établi des partenariats avec la société civile et les hommes sensibles au genre, précise Jane Alisemera.
Le système de quotas garanti par la constitution a initialement renforcé l’UWOPA qui n’a eu besoin que de cela pour réclamer et obtenir des législations en faveur du genre. Des lois contre la violence domestique, la mutilation génitale féminine et le trafic humain, ont été votées avec la bénédiction de l’UWOPA durant ces dernières années.
La loi sur la violence domestique était la plus controversée car beaucoup de traditionnalistes disaient que le Parlement n’est pas le lieu indiqué pour débattre de questions domestiques. Et ceci, en dépit du fait que les statistiques nationales de démographie et de santé indiquaient que les trois quarts des Ougandaises étaient victimes de violence domestique.
Plusieurs personnes se disaient d’avis que cette question devait être réglée au niveau de la famille et des tribus. Cependant, un lobbying intense de l’UWOPA et de groupes d’activistes femmes a permis à cette loi d’être votée et elle a été promulguée l’an dernier par le Président ougandais Yoweri Museveni.
De tels exemples soulignent la nécessité d’avoir une représentation égale et plurielle dans les parlements, au niveau des collectivités locales et de tous les secteurs. Augmenter le nombre de femmes élues est un premier pas de fait. Les maintenir à leurs postes devrait être le prochain. Ces deux étapes donnent généralement lieu à des résultats réels et tangibles pour tous.
Philippa Croome, journaliste canadienne basée en Ouganda a écrit cet article pour Gender Links, une ONG d’Afrique australe qui lutte pour l’égalité de genre.