Contributions « Les sportives vont-elles rester encore longtemps en marge de l’actualité ? »
En France, les femmes sont un peu plus nombreuses que les hommes (51% de la population).
Le sport, en France, c’est 26 millions de pratiquants réguliers (dont 47% de femmes), 14 millions de licenciés (dont 35% de femmes), et environ 6 000 athlètes de haut niveau (dont environ 35% de femmes).
Les sportifs français qui focalisent l’attention de tous les médias ne sont guère plus d’une centaine. Parmi eux, combien de femmes ? Une dizaine tout au plus !
Plus de femmes dans les grands événements sportifs
Que ce soit en France ou à l’étranger, les enquêtes y compris les plus récentes confirment la très faible visibilité du sport féminin dans les médias, malgré l’augmentation régulière de la participation des femmes dans les grands événements sportifs internationaux que sont les JO (43 % des participants à Pékin en 2008) et les différents championnats du monde. Pour ne citer qu’un chiffre mais très révélateur : 9 % de femmes sont présentes dans les émissions sportives à la télévision française, comparées à 40 % de femmes dans l’ensemble des émissions (source : CSA – baromètre de la diversité 2009).
Début février, tous les Français ont pu savoir, lire, écouter que les Bleus avaient gagné leur match contre l’Ecosse dans le Tournoi des 6 nations mais combien ont pu savoir que les Bleues avaient réussi la même performance ? Quelques internautes… la nouvelle n’étant parue que sur quelques sites français.
Peopolisation et syndrome Kournikova
Les rares commentaires de sport féminin valorisent peu les qualités physiques, techniques ou stratégiques des championnes. La valeur de leurs performances est souvent minimisée. L’apparence physique et les liens interpersonnels sont davantage traités que l’aspect sportif. Cette trivialisation se trouve renforcée par une peopolisation du sport en général.
Les commentaires ont également tendance à infantiliser la sportive et à avoir une connotation paternaliste : les termes de « jeune fille » ou « fille » désignent souvent les championnes. Elles sont, plus souvent que les champions, appelées par leur prénom.
Une sexualisation exacerbée de la représentation photographique des sportives est également fréquente et parfois le seul moyen pour les sportives d’obtenir une médiatisation. Les sportives sont beaucoup plus rarement montrées en action que les hommes. Beaucoup d’athlètes féminines se plaignent de ce phénomène appelé parfois syndrome Kournikova.
Peu de championnes médiatisées et de mauvaises excuses
La recherche de l’équilibre homme/femme dans l’information sportive relève du domaine de la démocratie sociale. Les médias ont donc le devoir d’y contribuer. Pour montrer la réalité des performances féminines, les athlètes à la place qu’elles occupent, mais aussi parce que ce défaut de médiatisation nuit au développement du sport féminin et aux sportives elles-mêmes qui ne peuvent bénéficier des soutiens qu’elles méritent. Il en découle des conditions d’entraînement beaucoup plus difficiles pour les sportives que pour les sportifs.
Trop peu de championnes médiatisées, connues du grand public peuvent servir de modèles aux jeunes et les caractéristiques de cette médiatisation peuvent aussi décourager les jeunes filles pratiquer des sports peu valorisés dans les médias.
Les arguments de cette médiatisation médiocre ? « Le sport au féminin ne se vend pas » et son corollaire : « l’information sportive n’intéresse que les hommes ».
Pourtant, l’engouement de l’ensemble de la population (femmes et hommes) pour les grands événements sportifs n’est plus à démontrer. De plus, de récentes enquêtes effectuées à l’étranger (pays anglo-saxons et Union européenne) montrent que le sport féminin intéresse les deux tiers des fans de sport (hommes et femmes) et que la plupart de ces fans souhaitent une médiatisation plus importante du sport féminin.
Danièle Salva, présidente de l’association Femix sports (site en maintenance)