Articles récents \ France \ Politique Benoit Hamon: ce que nous ferons pour l’égalité femmes/hommes
Laura Slimani, porte-parole sur les questions d’égalité femmes/hommes a présenté devant un très petit nombre de représentantes de la presse généraliste et féministe les points importants du programme de Benoit Hamon. Le candidat Hamon veut passer à la vitesse supérieure sur les droits des femmes avec son programme : « Ce que nous ferons pour l’égalité femmes-hommes. »
Que pensez-vous des positions des partis de droite et d’extrême droite sur les droits des femmes ?
Tout d’abord, je voudrais souligner que le mandat de Hollande a fait avancer la condition des femmes, en tout cas leurs droits. Notamment, avec Najat Vallaud Belkacem qui a été une ministre assez forte avec des lois qui ont permis de faire avancer les choses très concrètement, dans un contexte international et national particulier, dans le sens où le reflux néo-conservateur est extrêmement négatif pour les femmes.
En France, il y a une offre politique qui fera reculer les droits des femmes. C’est le cas du programme de François Fillon qui n’a aucun problème à dire qu’il est hostile au droit à l’avortement.
On voit les positions des proches de Marine Le Pen sur les droits des femmes. On voit comment les droits des femmes sont instrumentalisés dans le discours du Front National qui tout d’un coup se revendique du féminisme alors que c’est un parti qui systématiquement s’oppose à tout progrès en matière de droits des femmes.
Notre ambition est de passer à la vitesse supérieure, parce que, même si on a beaucoup agi dans le cadre de ce mandat, et globalement à chaque fois que la gauche était au pouvoir, les chiffres stagnent sur les questions d’égalité professionnelle et des violences faites aux femmes.
Et les stéréotypes non seulement persistent mais trouvent aussi de nouveaux terrains d’action avec les réseaux sociaux qui génèrent du sexisme.
Quelle est l’approche de Benoît Hamon vis-à-vis des discriminations envers les femmes ?
La cause des droits des femmes a un problème de moyens, et en premier lieu de moyens budgétaires. Le projet de Benoit Hamon prévoit de doubler le budget alloué aux droits des femmes pour que ce ne soit plus le plus petit budget de l’État. Ensuite, il y a un problème de moyens en termes de dispositifs, d’actions, de législations et de renforcement de dispositifs pour les rendre effectifs.
Il n’y a pas de projet féministe qui ne regarderait pas l’impact de toutes les mesures sur les femmes sur le marché du travail, dans l’espace public, en matière de santé etc. Notre volonté est d’avoir une approche transversale. Concrètement on ne peut pas faire de petites mesures qui vont essayer de lutter contre les inégalités salariales et à côté proposer des mesures de libéralisation du marché du travail et d’affaiblissement du droit du travail qui vont nuire principalement aux femmes. Ce fut le cas de la loi Macron sur le travail du dimanche et le travail de nuit. Ce fut aussi le cas de la loi travail et de la loi sur la simplification dont on a supprimé le rapport de situation comparée. En faisant primer l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, on défavorise de facto les femmes qui sont les plus présentes dans les entreprises dans lesquels il y a le moins de syndicats, comme les PME et les TPE. Ce sont systématiquement les premières à subir la précarité générée par les réformes.
Plus globalement, les femmes sont les premières à subir les politiques économiques qui visent à augmenter la croissance sans se poser la question de connaître leurs effets sur les qualités de travail et sur les rémunérations. Elles subissent les temps partiels. Elles sont les métiers les moins bien payés. Elles sont les plus précaires.
Que propose Benoît Hamon en ce qui concerne les inégalités professionnelles ?
Nous voulons renforcer les outils permettant d’atteindre l’égalité professionnelle. Cela passe par l’augmentation du nombre d’inspectrices/inspecteurs du travail. Aujourd’hui seulement 1/3 des entreprises remplissent leurs obligations légales. Parce qu’il n’y a pas assez d’inspectrices/inspecteurs du travail, la loi est donc caduque.
Il faut ouvrir des négociations de branches pour revaloriser les métiers à dominante féminine. C’est une part importante des inégalités salariales. Et donc, il faut travailler avec les partenaires sociaux pour que les grilles des métiers soient revalorisées. Le programme de Benoît Hamon se concentre sur la question de la grossesse réelle ou potentielle qui est un point majeur de la discrimination envers les femmes dans les entreprises, et pour laquelle il faut faciliter l’accès à l’action de groupe.
Benoît Hamon a le projet de créer une brigade de lutte contre les discriminations, l’enjeu étant d’en faire un outil qui mutualisera les actrices/acteurs qui existent déjà. Ce sera un nouveau corps de contrôle de l’administration avec des inspectrices/inspecteurs qui auront les mêmes pouvoirs que les inspectrices/inspecteurs du travail, sur la question des discriminations dans un secteur élargi touchant le privé et le public et en synergie avec ce qui existe déjà.
Qu’en est-il des métiers « désertés » par les femmes ?
La question qui se pose est comment faire en sorte que les responsabilités plus féminines ne soient pas moins valorisées dans les grilles des métiers que les responsabilités masculines. Par exemple, les métiers de la communication, qui sont à compétences égales, avec d’autres métiers plus masculins, sont moins rémunérés. Il faut des négociations de branches pour revaloriser les métiers féminins.
De même le sujet de l’orientation est problématique notamment dans les métiers techniques, technologiques et du numérique dans lesquels le nombre de femmes régresse. Ces métiers sont en train de construire le monde de demain. Encore une fois on risque de se retrouver dans un monde construit par les hommes, pour les hommes. Les écoles de code informatique accueillent de moins en moins de femmes, et de plus en plus d’hommes, probablement parce que ce sont devenus des lieux de pouvoirs et des lieux d’argent et d’enjeux. Les hommes les ont investis pleinement et les femmes les désinvestissent.
Quel est le programme de Benoît Hamon concernant les violences faites aux femmes ?
Le programme comprend un volet protection des femmes victimes de violences, en particulier comment faire en sorte qu’à partir du moment où elles passent la porte du commissariat, jusqu’au rendu du jugement elles soient protégées et accompagnées par l’État et les associations pour éviter les situations où les femmes battues se retrouvent face à leur conjoint violent.
Benoît Hamon s’est engagé à créer 4500 places dans les structures spécialisées. Les plus sujettes aux violences sont les jeunes femmes, qui sont souvent au chômage ou en situation de précarité et n’ont donc aucune autonomie financière parce qu’elles n’ont pas accès aux minimas sociaux et sont donc dépendantes de leur conjoint. Benoit Hamon s’est engagé pour que dans chaque région, il y ait au moins un établissement d’accueil pour les jeunes femmes victimes de violences.
Font également partis du projet la formation des fonctionnaires y compris de police, le développement des services spécialisés d’accueil des femmes qui portent plainte (soutiens pluridisciplinaires composés d’une assistante sociale, de policier-e-s).
Enfin, le projet socialiste prévoit le renforcement des moyens de la justice pour faciliter les procédures, et le développement de magistrat-e-s spécialisé-e-s au parquet pour faire le lien entre les affaires civiles et les affaires pénales.
Quelle est la place des femmes dans la campagne de Benoît Hamon ?
La parité est respectée parmi les portes paroles de Benoît Hamon : Aurélie Filippetti, Naima Charai, Frédérique Espagnac. Il en est de même parmi ses soutiens : Christiane Taubira, Anne Hidalgo, Najat Vallaud-Belkacem, Johanna Rolland et Nathalie Appéré, Marie-Lise Lebranchu. Cela est certainement dû au fait que la nouvelle génération de politicien-ne-s est plus féminine donc le renouvellement générationnel fait avancer l’égalité. Ce sont les effets des lois sur la parité en politique.
Et qu’en est-il des promesses de Benoît Hamon concernant la parité de son gouvernement ?
Le gouvernement de Benoît Hamon sera paritaire, avec un ministère de plein exercice des Droits des femmes, et pourquoi pas, une Première Ministre femme.
Le programme de Benoît Hamon prévoit d’augmenter la pénalisation des partis avec l’espoir qu’à terme les sanctions deviennent dissuasives. Le non cumul des mandats et la proportionnelle feront également progresser l’égalité.
Propos recueillis par Brigitte Marti et Caroline Flepp 50-50 magazine
La semaine prochaine nous publierons l’interview de Delphine Beauvois, porte-parole des question d’égalité femmes/hommes de Jean-Luc Melanchon.
50-50 magazine n’a pas pu obtenir d’interview de la porte-parole des question d’égalité femmes/hommes d’Emmanuel Macron.