Articles récents \ Monde Appel pour la protection internationale des femmes somaliennes
Lors de la première conférence du Réseau International Féministe et Laïque (RIFL) qui s’est tenue à Paris les 7 et 8 novembre dernier, un appel a été lancé par des associations somaliennes qui font face « à une terreur généralisée. »
En Somalie, lorsque les hommes jouent à la guerre et s’amusent à détruire la vie, nous, les femmes, nous essayons par tous les moyens de sauver la vie des êtres fragiles que sont les enfants.
Mais nous-mêmes, nous sommes en danger permanent. Nous vivons un véritable calvaire à cause de la loi de la jungle qui sévit en Somalie, nous sommes les premières victimes de toutes les violences. Nous faisons face à une terreur généralisée : une augmentation alarmante des viols, des abus sexuels sur les femmes et les filles, des assassinats.
Les viols sont utilisés par tous les groupes armés, les rebelles, les islamistes, les fonctionnaires du gouvernement, les soldats chargés du maintien de la paix de l’Union africaine. Nous sommes en perpétuel déplacement, fuyant les guerres, les famines, les exactions ; parfois nous parcourons des centaines de kilomètres pour échouer dans un centre de déplacés ou un camp de réfugiés où nous sommes encore soumises à des violences sexuelles, à des viols et à l’esclavage sexuel.
Nous sommes au bord du désespoir, épuisées, meurtries par les agissements du mouvement islamiste Al Shabab qui contrôle pratiquement la plupart des régions du sud de la Somalie : la lapidation des filles ou des femmes est courante. La dernière exécution publique a eu lieu le 26 septembre 2014 dans la ville de Barawe au sud de la Somalie.
Enterrée jusqu’au cou, Safia Ahmed Jimale a été tuée à coups de pierres par des hommes cagoulés, après avoir été déclarée coupable de polyandrie. Cette lapidation rappelle celle d’une autre jeune fille, exécutée en public le 28 octobre 2008 par des islamistes d’Al-Shabaab qui l’accusaient d’adultère. Mais elle était en réalité une adolescente de treize ans qui avait été violée.
Toute femme qui s’oppose à ces pratiques d’un autre âge est abattue. Ce fut le cas de madame Sado Ali Warsame, députée et célèbre chanteuse, assassinée à Mogadiscio, le 23 juillet 2014, pour avoir dénoncé les violences et les assassinats à l’encontre des femmes.
Le Gouvernement fédéral de la Somalie, qui contrôle une portion du territoire, est incapable d’endiguer les violences sexuelles, les viols, les lapidations. Il n’a même pas pu mettre fin aux violences sexuelles commises par les fonctionnaires et les membres de la sécurité de son propre gouvernement. Les victimes qui font état des agressions sexuelles sont le plus souvent exposées à des représailles de la part des forces de sécurité et des services de renseignement du gouvernement. C’est ainsi que de nombreuses femmes sont doublement victimes.
Et ce ne sont pas les soldats de la Mission de l’Union africaine de maintien de la Paix (AMISOM) qui peuvent secourir ces victimes. Dans un rapport accablant publié le 8 septembre, Human Rights Watch (HRW) dénonce des agressions sexuelles contre des femmes réfugiées à Mogadiscio, commises par les soldats de l’AMISOM.
Cette enquête a montré que des soldats de la Mission de l’Union africaine à Mogadiscio (AMISOM), affiliée à l’Union africaine, ont exploité sexuellement et violé plusieurs dizaines de jeunes filles en état d’extrême pauvreté et en quête de services médicaux ou humanitaires. Leur calvaire ne s’arrête pas là. Ces femmes, ainsi que leur famille et leurs proches, risquent d’être tués par le Shebab qui les accuse d’avoir déshonoré leur religion.
Nous, femmes somaliennes, lançons un appel à la Communauté internationale
pour qu’elle nous protège, à travers les Nations Unies, car ni le Gouvernement fédéral somalien, ni l’AMISOM ne sont en capacité d’assurer notre sécurité.
Nous lançons un véritable cri d’alarme pour sauver les femmes de Somalie qui sont au bord du désespoir, qui vivent l’enfer dans l’univers des islamistes Shabab.
La survie de la société somalienne est liée à la sauvegarde des femmes somaliennes.